la face cachée du monde
Le corps arc bouté, campé sur le perron,
de loques revêtu, le dos tourné au mur,
assis sur des cartons, le regard vers le sol,
3 dollars quelques sous, un sac sur les jambes,
l'homme semble être ailleurs.
C'est la tête baissée qu'il appréhende le monde,
le ciel il n'y croit plus, trop lourdes sont les peines,
et au rythme des pas il entame son voyage,
s'appropriant celui d'un homme d'affaire pressé,
d'une femme charnelle aux abords du marché,
ou d'une jeune fille en fleur à l'approche du lycée,
parcourant immobile, le chemin d'une vie.
Il connaît chaque ruelle, aux voûtes protectrices,
les porches et les ponts, les bancs pour l'accueillir,
le parcours de la honte, les couloirs de la peur,
le labyrinthe d'une vie débouchant en enfer,
l'étreinte douloureuse de la nuit hivernale,
où rodent les fantômes une faux à la main,
empêchant tout repos, interdisant le rêve.
Il sait n'être que l'ombre des corps de passage
se mouvant dans les pas de son histoire passée,
le miroir d'un possible à chacun exposé,
la face cachée du monde que personne ne veut voir.
Le carnet de l'auteure
J'adore ton texte. Il est superbe.
Rédigé par : Claire | 28/06/2005 à 14:47
Merci Claire. Ce texte me tient particulièrement à coeur.
Rédigé par : chrysalide | 30/06/2005 à 17:39