Le manque
Armelle fixa le coin du drap… et disparu. Armelle avait fixé le seul coin de tissus immaculé, sec, sans sueur. Armelle avait fixé le seul endroit où je n’étais pas. Armelle, un rêve, encore, une hallucination, peut-être, une émanation de moi, un fix inatteignable. Je pleure ton nom déformé dans un grand élan lyrique, dans un grand dithyrambe des douloureuses semaines de juin, des douloureuses semaines sans toi, des douloureux jours sans dope, sans cigarette, rien…
Je passe mes nuits roulé dans un drap à penser à toi, à attendre les moments fugaces où je vais pouvoir fixer ton sourire et tes yeux pour me sentir bien quelques jours. Le temps est long sans toi qui apparais dans un coin de la chambre à ne pas me regarder, le temps est long de ton image qui s’estompe et de ta voie qui s’éteint au fil des jours. Je serre l’oreiller qui ne bouge pas, tout surpris que je lui porte une telle attention.
Je marche dans les rues en croyant fermement te rencontrer, de te voir fugacement et de voler quelques doses de toi… Mais tu sembles errer dans Montréal comme dans le coin de ma chambre et disparaître quand je lève la main pour te toucher.
Armelle fixe encore le coin du drap où il n’y a rien de moi. Je sais qu’il n’y a rien à toucher, je sais qu’il n’y a pas de confrontations possibles, je sais que tu n’es pas vraiment là. J’attends qu’elle parte pour aller te rejoindre, j’attends de t’oublier et d’oublier que tu me manques.
Le carnet de l'auteur
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