Roger a vu passer les outardes; il s’est mis à rêver à un parking plein de chars shinés, de berlines qui s’envolent comme les oies blanches, comme le chantait Steve Fiset, sur tous les chemins d’été, à l’époque de son premier baiser, échangé dans un Wolks qui était pas de l’année.
Il a sorti sa hose du garage, a sifflé la voisine d’en face, brassé le plastique de la piscine,
lavé son T-shirt Mickey, sorti son CD des Stones, ça sent l’été pour Roger.
Un tour chez Dumas Auto Body, chez Canadian Tire pour renouveler les caps de roue, un petit changement d’huile, une jardinière de fleurs pour son deck qu’il a vernis l’été dernier. Avec Nicole à ses côtés.
L’an dernier, pareille routine. Roger l’avait presque oublié. L’odeur du lilas lui rappelle qu’un matin de mai, Nicole est partie avec son chum René.
Le nez dans le niveau d’huile, Roger arrête pas de brailler. Derrière le capot ouvert, la voisine peut pas l’apercevoir; il a le cœur gros comme une batterie de char, elle voulait partir, c’était gros comme un dix-roues dans une ruelle. Aujourd’hui, il s’ennuie d’elle.
Dans l’auto bien simonizée, Roger écoute Angie, et recommence à brailler. L’été n’a plus le même goût que par le passé. « Ferme donc ta gueule, maudit Jagger! »
Pendant ce temps, la voisine, étendue sur sa chaise en résine de synthèse, refait son tan, vêtue de son nouveau maillot à fleurs.
Roger aimerait offrir à sa voisine du lilas du printemps dernier.
Le carnet de l'auteure
Pourquoi l'expression 'Dumas Auto Body' me donne des sueurs? Mmmm! Dumas... Body... en tout cas... :op
Rédigé par : Catherine | 09/05/2005 à 09:32
Y avait un "Dumas Auto Body" pas loin de chez nous à Trois-Rivières. Si t'aimes les tatoos sur les gros muscles et les mots crus... :)
Rédigé par : marie-chantal | 09/05/2005 à 19:13