Comme à chaque matin, il faut que je circule sur la pire artère de l’Outaouais, le boulevard Saint Raymond, pour me rendre au travail. Deux voies chaque côté, des lumières un peu partout, on tourne à gauche sans retenue; bref, un vrai calvaire. Sauf que ce matin, alors que j’arrivais derrière une trentaine de véhicules immobilisés par une lumière rouge, j’aperçois ce piéton, tatoué, dans la quarantaine, l’air mauvais, impatient de traverser le boulevard… Hésitant d’abord, je m’arrête finalement à quelques mètres de l’autre véhicule, question de le laisser passer, me disant qu’il est tout de même con, le mec, de ne pas avoir fait les cinquante pas manquants pour traverser dans les règles de l’art, en toute sécurité, surtout sur ce boulevard achalandé, au feu de circulation, mais lui faisant toutefois acte de clémence.
Mais le voilà qu’il se met à m’injurier en agitant les bras comme un véritable magicien, seulement que de sa bouche ne sortait pas des « Abracadabra » mais plutôt des « Tabarnak de tata ». Moi, celui qui d’entre tous les automobilistes l’avait, même dans son projet tout à fait stupide de traverser le boulevard en ce point précis, laissé la chance de s’exécuter, je me prenais ces injures!
J’attendis qu’il eut malheureusement réussi indemne à traverser la rue, question d’éviter une altercation inutile, puis je klaxonnai. Il se retourna, les yeux gonflés comme des montgolfières, et continua de m’injurier. Je baissai ma vitre dans un stoïcisme remarquable, lui montrai mon poing et en déroula tranquillement mon majeur en souriant.
Il explosa comme une canne d’aérosol lancée dans le brasier, retraversant la rue en courant vers ma voiture, sans regarder ni à gauche ni à droite, en se raclant la gorge de cris monstrueux à faire décoller ses tatous, lorsqu’un dix-huit roues de Molson l’envoya promener dans les airs. Il retomba au sol, inerte, ressemblant plus à un pâté de chair qu’à un homme tatoué dans la quarantaine. Il n’aurait pas dû…
t'aurais pas dû Robin. Cher payé pour une insulte, non ? peut-être était-ce son destin...
Rédigé par : chrysalide | 19/04/2005 à 21:26
N.B. C'est pas arrivé pour vrai ;)
Rédigé par : Robin | 19/04/2005 à 22:36