Déjà un trou et pourtant il était neuf heures du matin. Le cours du jeune maître de conférence avait commencé à huit heure trente, et en une demi heure, trois personnes de la rangée du fond avaient déjà disparu.
"Sûrement au café du coin à discuter la dernière élimination de la Star Académie" pensa-t-il.
Il continuait tant bien que mal à parler des apocopes syllabiques de la phonétique médiévale, mais il scrutait avec inquiétude les bancs de l'amphithéâtre, que sa myopie de lecteur excessif rendait difficile a distinguer. Était-ce un autre trou, en haut a droite, à coté de l'extincteur? Qui a osé quitter la salle avant la fin du cours, cette fois?
Au moment où il se posait cette question, deux jeunes filles en jeans à taille indécemment basse tentaient de se faufiler entre deux rangées de camarades, et se dirigeaient discrètement vers la sortie.
Encore un trou.
Rien à faire : Il ne pouvait pas supporter les inégalités dans la répartition des étudiant restants. Autant de trous, ça faisait vraiment désordre. Maintenant il y avait plus d'élèves à gauche, et ce déséquilibre le taraudait, l'obsédait, faisait abominablement souffrir son sens aigu de l'ordre et de l'harmonie.
Ordre, travail, propreté. C'était sa devise, sa religion, ce qui lui avait permis d'atteindre ce statut.
Il était passé aux aphérèses du "e" dans la conjugaison des verbes du premier groupe , dans la transition du bas-latin à l'ancien français. Mais il fonctionnait en mode automatique. Tout son être était tendu, tourné vers les petits cercles flous que représentaient les têtes de son auditoire.
Encore un autre trou. Cette fois, c'était l'anarchie totale. Que ses étudiants désertent son cours, il s'en fichait éperdument. Mais que leur absence de l'amphithéâtre crée un tel chaos esthétique, c'était au dessus de de ce qu'il se permettait en temps ordinaire de supporter.
Déjà, à neuf heures cinquante deux minutes, sa voix émettait de petits sons incontrôlables, déraillements qui s'accentuaient a chaque désertion du coté droit des gradins.
"Par pitié!" supplia-t-il tout bas "comblez les orifices! déplacez-vous vers la gauche! Préservez l'uniformité!"
Mais rien n'y faisait. Son discours devenait de plus en plus incertain, vacillant, sa voix s'étouffait dans son gosier serré comme un étau. À dix heures trois, alors qu'il s'apprêtait a aborder le chapitre sur la disparition des phonèmes diatriques au Vième siècle, Monsieur Jean-François Triquesèche, spécialiste du Latin, de la Langue et Littérature Médiévale a l'Université de M., plein de promesses de réussite, s'effondra sur l'estrade en pin des landes et formica, élégante et minimaliste, cadrant avec l'architecture "cutting edge" de l'édifice nouveau.
Là, devant un auditoire médusé qui pour une fois ne pensait plus à se tailler en douce au troquet, le jeune professeur excèdé éclata en sanglots.
Attention, plusieurs fautes d'orthographe dans le texte... (mis-à-part les accents)
...mais texte intéressant, toutefois!
Rédigé par : La Souris | 26/03/2005 à 13:36
J'ai essayé de règler l'essentiel Souris, c'est moi qui a pas fait mon boulot de relecture sur ce coup.
Rédigé par : Catherine | 26/03/2005 à 14:11
Merci Catherine pour votre relecture et votre retranscription avec accents. Certaines erreurs ont pourtant echappe a notre vigilance (toutes mes excuses pour mon orthographe approximative.) Serait-il possible d'effectuer quelques corrections sand trop abuser de votre gentillesse?
-Ligne 23 "se dirigeaient"
-Ligne 43 "tete" avec un accent circonflexe
-ligne 53 lire "deraillements"
-Ligne 66 lire "Monsieur Triqueseche" (avec un accent grave sur l'avant dernier e )
-Ligne 69 ajouter une virgule apres "formica"
-Derniere ligne "sanglots" au pluriel
Merci infiniment et longue vie a Coitus Impromptus.
A.Q
Rédigé par : Albert qu'a bu | 26/03/2005 à 19:06
Pas d'offense!
C'était simplement une remarque. Je n'ai pas la prétention d'être une grammaire ambulante non plus! ;)
Rédigé par : La Souris | 27/03/2005 à 16:21