Détails et dédales

Bulletin de la critique et de la chronique - décembre 2011

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CRITIQUES

Meilleures critiques: Est-ce en raison de l'intimité des sujets abordés, mais Nuit #1 et Shame se sont mérités de très beaux papiers. Ces critiques s'avèrent convaincantes et même touchantes, transférant vers le lecteur une partie de la charge émotive de l'oeuvre. J'attire votre attention sur la critique de François Lévesque dans Le Devoir sur Nuit #1. Il faut aussi lire celle de Marc-André Lussier dans La Presse à propos de Shame: "Un appétit insatiable, jamais assouvi. Une frénésie permanente. L’appel urgent de la jouissance brute, instantanée. Comme si cette violence intérieure pouvait, le temps d’un orgasme, anesthésier l’indélogeable mal de vivre."

CHRONIQUES

Palme d'or: Yves Boisvert publiait coup sur coup deux chroniques à la fois simples, précises, incisives et qui charcutaient quelques lieux communs. D'abord, dans La peur du sapin il soulignait que les "accommodements" sur Noël sont le fruit de fonctionnaires peureux: "Il devrait y avoir d'urgence une directive interdisant aux hauts fonctionnaires de pénétrer dans la tête d'un immigrant, même imaginaire." Ensuite, dans le sillage du suicide de Marjorie Raymond, il tentait de calmer la charge contre les médias sociaux.

Chronique doudoune: J'ai déjà avoué qu'un homme qui pleure m'émeut bien plus qu'une femme qui pleure. Je dois dire qu'un homme qui parle de ses enfants... J'ai craqué pour cette chronique un brin fourre-tout où Marc Cassivi présente ses sorties au cinéma avec ses fils (en plus d'une critique de Tintin, d'un résumé de Happy Feet et d'une réflexion sur les Muppets communistes!). Plusieurs passages m'ont fait sourire, mais j'ai été particulièrement intéressée par l'attrait des enfants pour les étoiles quand vient le temps d'évaluer un film. J'y reviendrai la semaine prochaine dans un billet spécifique. (Malgré lui, Marc Cassivi reste mon principal pusher de sujets en ce début 2012!)

MES ÉDITOS:

Le débat du mois: L'arrivée imminente du Huffington Post Québec et son modèle d'affaire basé sur le bénévolat des blogueurs aura fait jaser. Disons d'emblée que je ne suis pas complètement neutre dans ce débat: il a été annoncé que je ferai le saut chez Voir. Bien que je préfère le principe qui consiste à rémunérer minimalement les blogueurs, ma décision ne repose pas d'abord sur une question d'argent.

Je ne serais jamais allée bloguer pour HPQ non pas parce que les blogueurs ne sont pas rémunérés, mais parce que tant qu'à ne pas être rémunérée je vais choisir à qui j'associe mon nom. Et ce ne sera jamais à une entreprise américaine dont le modèle d'affaire et la vente à AOL me semblent douteux. J'ajouterais que l'argument de la visibilité est celui qu'on sert aux artistes depuis toujours pour les inciter à ne pas se faire payer pour leur travail. Je ne rêve pas de visibilité à n'importe quel prix, pas au point de m'associer à n'importe quelle marque.

D'autre part, je m'oppose à ce qu'on ouvre une tribune "de presse" régulière à des politiciens ou des lobbyistes patentés dont certains, pas fous, y ont vu une belle occasion de contourner le filtre journalistique. Qu'un site "de presse" serve à retransmettre sous forme de blogue du contenu politique prémâché (communiqués, discours, etc.) me semble une pratique inquiétante.

Malgré mon affection pour la gang de Voir, j'ai hésité pour diverses raisons: peur de me noyer dans la masse, peur de perdre de la lattitude et de la flexibilité, etc. Après réflexion, j'ai décidé de faire le saut. J'en saurai plus (et vous aussi) dans les prochaines semaines.

Entre temps, si vous avez manqué le débat et voulez en savoir plus, voici plusieurs sources: le premier et le deuxième texte de Simon Jodoin de Voir, le blogue de Nathalie Collard, le premier et le deuxième texte sur le blogue de Patrick Lagacé, le point de vue de Nadia Seraiocco, la chronique de Michel David dans Le Devoir, le point de vue de Jocelyne Robert. Le débat a aussi cours en France, je vous laisse fouiller cette filière.

Voeux: Je profite de ce bulletin pour vous souhaiter une année faite d'information de qualité et pour nous souhaiter le retour d'un espace digne de ce nom pour de la vraie critique culturelle, surtout à la radio et à la télé!

Bulletin de la critique et de la chronique - novembre 2011

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CRITIQUES:

Critique qui donne envie d'y être: Elsa Pépin signait dans Voir un papier sur le Projet blanc d'Olivier Choinière, ce moment qui n'aura existé qu'une fois. Le papier semble à la hauteur du projet qu'il décrit et vous fera regretter de ne pas avoir fait partie du petit groupe choyé qui, ce soir-là, était abonné à la transgression.

Meilleure critique: Sur le site web de la revue Jeu, Michel Vaïs signait une excellente critique de la pièce HA ha!... de Réjean Ducharme présentement mise en scène par Dominic Champagne au Théâtre du Nouveau Monde. Dans ce texte, Michel Vaïs prend le pari comparatif en revenant sur les trois moutures de la même pièce. C'est rare, intéressant, instructif. Ça cultive et ça met en contexte. Et tout ça avec concision.

CHRONIQUES:

Chronique redite: Marc Cassivi a écrit la même chronique que l'année dernière! Ce n'est même pas lui qui manque d'imagination, mais nos institutions. Dans ce cas-ci, la charge concerne plus précisément l'ADISQ. Notons que, au passage, le chroniqueur ne manque pas Occupation double. NB: Pierre-Yves Lord et Nicolas Lemay de OD seront à C'est juste de la TV vendredi.

Chronique d'automne: Je déplorais le manque de "radio d'hiver" dans un billet ce mois-ci. Il y a aussi des chroniques de saison. Le texte de Josée Blanchette sur la mort était touchant et tendre à la fois. "Laissez-moi la sainte paix, ça fera changement parce qu'entre vous et moi, j'aurai trouvé mon passage ici-bas bien bruyant. J'aurai gagné mon silence."

Chroniques féministes: On dit souvent que les journalistes sont une classe un peu à part, assez loin du "vrai monde". Une chose certaine, le taux de féminisme au pied carré me semble pas mal plus important dans les salles de rédaction (et je ne dis pas ça pour m'en plaindre). Deux chroniques  parues dans les La Presse m'apparaissent essentielles quant à cette question. Elles sont fort différentes et il paraîtra peut-être inconvenent à certains de les présenter dans la même catégorie. Pourtant, elles parlent toutes les deux de journalisme et de féminisme. Marie Claude Lortie, d'abord, signait une chronique intitulée "Imbécilité, égalité..." où elle soulignait la tendance misogyne de plusieurs commentaires qu'elle reçoit, commentaires souvent encouragés par l'anonymat d'Internet. D'autre part, Rima Elkouri qui a passé quelques temps en Égypte récemment, signait une chronique fondamentale sur la nécessité de ne pas céder à la peur en cessant d'envoyer des femmes journalistes dans des lieux réputés dangereux. "Des femmes journalistes se sont battues pendant des décennies pour ne pas être traitées différemment des hommes, pour prouver qu'elles pouvaient, elles aussi, faire du reportage en zones dangereuses."

MES ÉDITOS:

Meilleure citation: "Soutenir le regard du pire, c’est un combat, ce n’est jamais une capitulation." David Desjardins

En parler, c'est parfois légitimer: J'ai eu ce mois-ci un échange avec Hugo Dumas de La Presse sur lequel je souhaiterais revenir. L'histoire a commencé lorsque j'ai souligné sur Twitter que résumer un phénomène télévisuel comme Occupation Double sans le critiquer, c'est participer à sa légitimation. À l'image de cette entrevue avec André Robitaille, je dirais qu'OD, ce n'est pas juste de la TV. Je fais partie de ces gens qui croient qu'à ne pas critiquer, on légitime le statu quo. À mon sens, un papier qui s'intéresse à la qualité du show ou de ses péripéties (comme celui-ci), reste donc en surface et contourne le vrai enjeu.

À sa défense, M. Dumas m'a rappelé qu'il écrit cinq chroniques par semaine. C'est un rythme soutenu et il est sans doute difficile de refaire le monde cinq fois par semaine!

Il est aussi vrai qu'il y a plusieurs façons de concevoir le rôle d'une chronique télévisuelle. Veut-elle conseiller le spectateur ou interroger le monde médiatique? Ce que je reproche, en général, aux chroniques télés, c'est de choisir la première option. Elles se concentrent souvent sur les compte-rendus d'émission, nouvelles ou analyses de cotes d'écoute, mais posent trop rarement un regard plus sociologique ou même philosophique sur cette industrie culturelle tellement fondamentale dans la constitution de notre tissu social.

Je rêve (en couleurs!?) d'une chronique télévisuelle plus holistique et qui s'intéresserait moins au "produit" télévisuel qu'à sa portée, ses impacts et à l'écosystème qui lui permet d'exister.

Bulletin de la critique et de la chronique - octobre 2011

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CRITIQUES:

Critique osée: En lisant cette critique de Philippe Couture, j'ai repensé à un commentaire qu'il m'avait fait lors de notre rencontre concernant la nécessité, pour les critiques, de trouver leurs couleurs. Quand un critique de théâtre ose l'expression "poétique de la fente" - qui me semble très évocatrice et assumée - je pense qu'on commence à parler d'une personnalité.

Pire critique: Pas tout à fait un hasard que ce soit sur le même spectacle: cette critique de Louise Bourbonnais parue dans le Journal de Montréal est un condensé de ce qu'il ne faudrait jamais faire. D'abord dire dans une critique "ce que les gens apprécient...", c'est une bien mauvaise idée. "Les gens" c'est un concept vague et être critique, ce n'est pas faire une étude sociologique de la réception de l'art. Ensuite, couvrir une forme d'art auquel on connaît manifestement peu de choses n'est pas une excellente idée non plus. Je me suis surtout demandé si le Journal de Montréal ne trouvait pas tout à fait normal d'envoyer des néophytes "jouer" les critiques histoire d'avoir une parole "près du vrai monde". Sous cet angle: quelle réussite!

CHRONIQUES:

Bonne chronique: Fabien Deglise signait une chronique pertinente et percutante sur une tendance à laver plus blanc que blanc. Voilà que Le Club des 5 passe à la lessive... Non seulement on le rend plus politiquement correct, mais on assouplit le langage pour le rendre plus accessible aux jeunes d'aujourd'hui. Voilà ce qu'on peut appeler du nivellement par le bas.

ENTREVUES:

Non-entrevue: Dominic Tardif signait une non-entrevue avec Patrice Desbiens dans le cadre de la sortie de son dernier recueil. L'exercice aurait pu paraître comme une pirouette pour éviter de nommer une entrevue ratée si ce papier ne présentait pas si fidèlement la personnalité de l'homme à qui une non-entrevue sied parfaitement. "On se croirait dans un poème de Patrice Desbiens" comme le dit si bien le journaliste.

Meilleures entrevues: La Librairie francophone reste mon émission littéraire préférée, surtout pour le talent d'intervieweur d'Emmanuel Kherad qui réussit à créer des moments à la fois intimes, percutants et rarement complaisants. Ce mois-ci, il ne faut pas manquer l'entrevue avec Lyonel Trouillot, très stimulante, et un magnifique moment avec Jean Ziegler où même Emmanuel Kherard aura du mal à contenir son émotion. "La faim rend impossible la construction d’une société pacifique." (Jean Ziegler)

MES ÉDITOS:

Critiques comparées: (Merci à Hugo Cassivi dont l'apport à cette étude "scientifique" n'est pas négligeable.) 

Voilà qui a titillé l'observatrice de la scène critique: au lancement de French Immersion (film bilingue) l'accueil des critiques francophones et anglophones a été divergent. 

Sur Twitter, Guillaume Moffet de Voir Gatineau/Ottawa parle d'un film "infâme". Manon Dumais, aussi de Voir, a accordé une étoile. Le blogueur Samuel Larochelle a affirmé que le film était pire que Les Dangereux. Ce fut les premières réactions publiques.

En parallèle, Anne Lagacé Dowson dans sa chronique (qui n'est pas, à proprement parler une chronique de cinéma) décrit le film comme "funny, charming and gutsy". Lors d'un échange sur Twitter, elle nous a même confié que le film pourrait devenir "culte". Dans le Globe & Mail aussi la critique est plus que positive. Finalement, Brendan Kelly, bien que moins sévère que ses collègues francophones, affirmera que le film n'est pas complètement réussi. "In short, it’s a film with a bit of identity crisis, just like the country it’s spoofing with so much enthusiasm."

N'empêche que l'accueil critique est globalement plus sévère chez les francophones. Odile Tremblay a souligné que les vrais dindons de cette farce sont les francophones, ceci explique peut-être cela. Marc-André Lussier règlera la question en constatant l'échec sans appel du film auprès du public.

J'aurais tendance à croire que l'essentiel du décalage tient sans doute au contexte. Sans vouloir trop développer, j'envisage trois hypothèses pour expliquer un meilleur accueil du milieu anglophone: 1) l'immersion comme thème rassembleur 2) l'importance accordée à l'existence d'un cinéma bilingue 3) le peu de films au potentiel commercial qui émergent du Canada anglais.

Vous pensez que ces éléments de contexte ne devraient pas influencer la critique? Je vous suggère la lecture de cette chronique de Marc Cassivi.

Bulletin de la critique et de la chronique - septembre 2011

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CRITIQUES:

Meilleure critique: Manon Dumais signait une critique particulièrement réussie à propos de Moneyball. Qu'est-ce qui fait une bonne critique? C'est un peu de l'alchimie. Ici, il y a un rythme. La critique est, en elle-même, un récit (comme le serait un conte ou une chanson) coiffé d'une bien jolie chute que je vous laisse découvrir. "Aux antipodes des films sportifs hyperactifs reposant sur l’issue du match final, Moneyball propose de fascinantes joutes verbales aux répliques bien corsées que Miller filme sans esbroufe, sans mouvement de caméra inutile ni effet de montage tape-à-l’oeil."

Recrue: Juste un petit mot pour souligner le retour sur les ondes de l'émission Voir diffusée à Télé-Québec à 20h00 le mercredi soir (ou disponible en ligne). Nouveauté: Elsa Pépin aux commandes de la section théâtre qui impressionne par son aisance, mais surtout par une très grande culture manifeste.

CHRONIQUES:

Chronique "Miroir, miroir, dis-moi...": Marie-Louise Arsenault publiait une courte et efficace chronique à la rentrée où elle faisait le parallèle entre la cour d'école et les médias sociaux. Ce n'est pas tant le parallèle lui-même qui frappait, mais le style de Mme Arsenault qui, parlant de Beyoncé, aura su fleurir et amplifier la métaphore jusqu'à la rendre agréablement sucrée. "[Elle] profitait de cette tribune pour annoncer, quoi d’autre, sa grossesse, étape normale d’un plan quinquennal exécuté avec la précision d’un missile russe."

Plus touchantes chroniques: Était-ce un hasard si Rima Elkouri signait deux chroniques voisines à quelques jours d'intervalle? Dans la première, elle revenait sur son expérience du racisme ordinaire "à la française", dans l'autre, elle expliquait comme le 11 septembre a marqué son entrée dans la catégorie des "chroniqueuses arabes". J'ai tout plein de biais, comme je l'ai expliqué ailleurs, mais ces chroniques m'ont sincèrement touchée. "En 10 ans, j'ai finalement appris que, peu importe qui l'on est vraiment, il est difficile d'échapper à ce que les autres voient en soi."

Meilleur titre: Un petit plus à Nathalie Petrowski pour un titre vraiment drôle coiffant une chronique sur la disparition de l'auteur vedette: Recherche Houellebecq modérement.

Sophismes en vedette: Stéphane Baillargeon commençait l'automne en lion avec une chronique sur Agnès Maltais... Par contre, son article en Une de l'Agenda du Devoir m'a laissée pantoise. Je suis assez pour les jeux intellectuels un brin foireux, mais pas nécessairement dans mon journal. Il y a des colonnes à écrire pour critiquer Tout le monde en parle, mais une comparaison avec Occupation Double... vraiment? Quand la conclusion de l'article est que tout ça est du sophisme, peut-être vaut-il mieux ne pas aller de l'avant.

MES ÉDITOS:

Surchauffe: Les plombs m'ont chauffé hier à la lecture de la chronique de Pierre Foglia sur la résistance. Je ne suis pas en désaccord. Le rouleau compresseur du marketing culturel est une plaie et il y a de quoi dénoncer. Ce qui me dérange c'est la façon dont Foglia se met hors du monde. Tout le monde a aimé ça parce qu'ils sont aliénés, mais lui il va vous le dire que c'est mauvais. Mauvais! Pas "pas aussi transcendant qu'on le dit". Mauvais comme un produit culturel générique qui sort des usines à saucisses Harlequin ou Hallmark? Mauvais comme dans vomi? En fait c'est moins Foglia qui me choque que la façon dont son public se met à genoux devant lui quand il leur crie de résister. Résister ça veut peut-être aussi dire LUI résister. Des fois j'ai l'impression que quand on se fait traiter de moutons, on bêle encore plus fort...

La critique est morte, vive...: Je n'ai pas poussé les hauts cris quand Six dans la cité est disparu. Je n'aimais pas cet invité qui se pointait à la fin et obligeait la table de critiques aux dents longues à devenir soudain tellement mielleux. Je n'ai pas poussé les hauts cris, mais j'attends toujours une autre proposition! [Écoutez l'écho ici...] Il y avait plein de choses qui me dérangeait aussi de Je l'ai vu à la radio, à commencer par son montréalocentrisme. Mais... mais je constate l'agonie de la critique dans les médias électroniques. Moi qui rêvais d'une plateforme de rencontre entre les critiques et les artistes...

Bulletin de la critique et de la chronique - août 2011

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CRITIQUES:

Meilleure critique: François Lévesque signait une critique du film allemand The Robber au milieu du mois. Que dire sinon que ça nous plaît: contexte comparatif, ambiance du film, scènes marquantes, conclusion qui laisse une trace chez le lecteur. Un excellent papier. "Oeuvre à combustion lente qui n'annonce de prime abord rien d'extraordinaire, The Robber tient pourtant le spectateur dans le creux de sa main lorsque se pointe le générique de fin."

Critique la plus drôle: Aleksi K. Lepage est allé voir Final Destination 5 pour nous. Contrairement au film, la critique vaut le détour. (Pour rappel, la critique de Final Destination 4 par le même journaliste s'intitulait déjà Le fond du baril.) "Oui, mesdames et messieurs, le ridicule tue."

CHRONIQUES:

Meilleure chronique: Marc-André Lussier signait une excellente chronique sur la rivalité à sens unique entre Montréal et Toronto. Un sujet délicat à Montréal et il ne fait pas de tort de mettre quelques barres sur des t. "L'événement serait tenu dans n'importe quelle autre ville en Amérique du Nord que les Montréalais seraient capables d'en reconnaître la très grande valeur. Mais c'est à Toronto «l'anglaise» que ce festival a lieu."

Deux mots de trop: Une punition de quelques secondes à Patrick Lagacé qui dans l'une de ses chroniques sur le béton et Sam Hamad a utilisé les deux mots de trop que j'ajoute à la liste d'expression à bannir. "En plus de jouer à la cachette avec les Québécois qui paient leur salaire, le ministre Hamad et ses adjoints anonymes semblent les prendre pour des idiots." Je nous invite à arrêter de faire reposer la redevance des politiciens à notre endroit sur le fait que nous payons des salaires. Pour dire vrai, nous payons les salaires de bien du monde et la redevance de ces gens auprès du public n'est pas toujours du même ordre. (Rappelez-vous cette dame qui critiquait Guy A. Lepage qui avait sacré à la fête de la St-Jean payé avec nos taxes!) Ce n'est pas son salaire qui fait qu'un ministre doit être transparent, c'est sa fonction.

MES ÉDITOS:

Sujet du mois: David Desjardins clôturait le mois d'août avec un sujet qui a fait jaser. En tout cas, Martin Petit (prise 2) et moi, ça nous a fait jaser. Même Richard Therrien voulait partager quelques vérités sur Occupation Double. Pour faire suite à cette conversation avec Martin Petit (et une autre avec Geneviève Lefebvre), permettez-moi d'ailleurs de rêver que les chroniqueurs télé nous raconte moins ce qui se passe dans le petit écran pour nous parler davantage des forces qui le gèrent.

Maladresse ou condescendance: La sempiternelle question de la place à faire aux journalistes non professionnels lors d'événements officiels est ressortie lors d'un échange maladroit et/ou condescendant entre Annie-Soleil Proteau et René Homier-Roy à C'est bien meilleur le matin. Soulignons d'abord qu'il semble que les journalistes avaient aussi le privilège de poser des questions lors de la rencontre avec Mme Deneuve. Pourquoi ont-ils laissé la place aux fans/blogueurs? Question sans réponse. Soulignons ensuite que cette association fans/blogueurs semble bien étonnante et non-fondée (Était-ce des fans ou des blogueurs? Nous ne le saurons jamais). Je comprends bien l'irritation devant les questions à la première personne, mais j'ai rigolé quand M. Homier-Roy a sous-entendu que des journalistes professionnels auraient permis une rencontre vraiment plus substantielle! Surtout que Mme Proteau venait de passer de précieuses minutes à nous parler de Catherine Deneuve qui fumait... Après "Rigueur, rigueur, rigueur...", peut-être "Substance, substance, substance..."

***NOUVEAU PROJET***

Je profite de cette tribune pour annoncer un nouveau projet: Métier = Critique. S'inscrivant dans ma réflexion sur la critique culturelle, ce projet vise à la fois à lever le voile sur certains aspects du métier et à discuter de l'état de santé de la critique avec ceux qui la font. Pendant l'année qui vient, j'aurai le grand privilège de vous présenter tous les mois un critique culturel. Nous parlerons du métier en général et de leurs parcours. J'aborderai aussi, avec chacun d'entre eux, des aspects particuliers (la critique en région, le rôle de la subjectivité, la couverture des événements spéciaux, etc.)

Le projet sera lancé le 15 septembre. Rendez-vous à ce moment avec Manon Dumais, chef de la section cinéma à Voir.

Bulletin de la critique et de la chronique - juillet 2011

Bulletins précédents: février 2011, mars 2011, avril 2011, mai 2011, juin 2011

CHRONIQUES:

Meilleure chronique: David Desjardins signait récemment une chronique sur l'été. Un moment de littérature dans les pages du Voir Québec. Et pour conclure, il dédiait le tout: "À ceux et celles qui savent que pour goûter quelque chose, il faut avoir l'amour du risque." J'étais seule, étendue dans le grand lit d'un gîte de Québec quand j'ai lu ça. J'ai pensé que David Desjardins est le seul chroniqueur québécois qui me touche directement au fond, quelque part derrière une série de protections que les années multiplient. J'ai pensé à plein d'autres trucs aussi, mais je ne vous dirai pas quoi, justement parce que ça se passe au fond. Derrière.

CRITIQUES:

Meilleure critique: Je ne sais pas si c'est parce qu'il a utilisé le concept de "palette chromatique" pour évoquer ce qu'elle suggère, ou simplement parce qu'il a pris la peine de nous parler d'un artisan dont on parle rarement dans les critiques (ici le directeur photo de Starbuck, Pierre Gill), mais j'ai comme eu un frétillement d'enthousiasme en lisant ce papier de François Lévesque et l'envie de dire "Encore!"

Moment de radio: C'est vers la 45ième minute de la 2e partie de l'émission du 23 juillet: Manon Dumais et Michel Coulombe... mime/imite/parodie Christopher Williams. Sourires garantis. (Je crois que c'est ce qu'on appelle de la critique incarnée.)

Métaphore du mois: Voici mon moment fairplay. Comme j'ai déjà reproché à Fabien Deglise d'abuser un peu de métaphores, je reconnais que dans sa critique du spectacle d'Arthur, il dégaine vite et bien: "...comme une odeur de cannelle au final d'une balade dans un magasin IKEA." Très drôle!

Moment chouchou: J'ai toujours bien aimé Philippe Papineau, mais son passage au Festival d'été de Québec restera un moment d'anthologie de twitage en direct. Le médium étant sans doute une partie du message (n'est-ce pas!?), Philippe Papineau s'est révélé plus drôle, caustique, irrévérencieux (et accro à Twitter) que j'aurais pu le croire. Certains tweets du spectacle de Metallica resteront dans la légende, à commencer par: "Plus tôt, un VIP me dit «T'es de quel média toé». Le Devoir «S't'un journal de snob pis vous allez voir Metallica?». Ça arrive qu'on décoince" Pour lire la "vraie" critique du journal de coincés.

MES ÉDITOS:

Débat du mois: À n'en pas douter, la querelle autour du Québec (ou non) anti-intellectuel aura marqué le premier tiers du mois de juillet sur les médias sociaux. Déclenché par une chronique de Patrick Lagacé rapportant une entrevue que Wajdi Mouawad a donné en France en 2009, le débat a pris une autre tournure lorsque Marc Cassivi a répondu à son collègue avant que Patrick Lagacé en remette le même jour sur son blogue. L'emballement a suivi. Notons la participation étoffée de Jean-François Lisée (team Lagacé), celle de Judith Lussier (team Lagacé). Celle de Benoît Melançon (team Cassivi) et la mienne (team Cassivi aussi). Ce n'est pas un débat nouveau, ce n'est pas un débat fini... J'ai pourtant été frappée par de nombreux commentaires qui réglaient la question en traitant de snobs et de prétentieux ceux qui estiment que le Québec a une fibre anti-intellectuelle. J'aurais envie de dire: CQFD.

Titre du mois: Pour continuer dans la même veine, notons que Michel Bélair, à propos d'un spectacle à Avignon, a titré: "Troupeau d'intellos à poils". L'image qui fait ta journée...

Lettre ouverte: Dans le New York Times, on trouvait, en début du mois, une lettre d'un homme mourant. Lecture touchante: prescription pour tous! "When the music stops — when I can’t tie my bow tie, tell a funny story, walk my dog, talk with Whitney, kiss someone special, or tap out lines like this — I’ll know that Life is over."

Citation du mois: À propos du tourisme: "Je ne comprends pas cette industrie qui s'applique à vider la plus belle géographie du monde de sa poésie, de son âme, plus criminel encore: de son silence." Pierre Foglia

Bulletin de la critique et de la chronique - juin 2011

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CHRONIQUES:

Meilleure chronique: Ça commençait le mois en lion. Le très talentueux David Desjardins revenait dans les pages du Voir Québec sur la question de l'amphithéâtre. C'était avant l'hémorragie au PQ. "Une équipe offerte par les gouvernements pour qu'ils récoltent un peu de l'amour que vous réservez à l'équipe, ne serait-ce que les restes, ne serait-ce que ce qui déborde et qu'on peut ramasser sur le trottoir."

Chronique Larme à l'oeil: Jean Barbe signait une chronique très touchante sur les livres et la paternité. "J’aime les livres, les romans, les essais, car c’est tout ce qui reste d’une vie après qu’on l’ait un peu gâché à la vivre."

CRITIQUES:

Meilleure critique: Philippe Daigle signait au Bang Bang une "critique" (chronique? parfois, les frontières...) du film Le nom des gens de Michel Leclerc. De son style un brin sautillant, Philippe Daigle a le coup de coeur contagieux (et pas que pour les seins de Sara Forestier, quoi que...) "Il est évident que c’est gros ; il est aussi évident qu’on se trouve ici dans une fable, un conte. Et c’est trop rare qu’on nous raconte des fables, de nos jours."

Moment chouchou: J'ai mes chouchous, c'est connu. Je voulais profiter de ce moment chouchou pour vous dire tout le bien que je pense de Manon Dumais, chef de la section Cinéma au Voir et maintenant collaboratrice à la version d'été de Je l'ai vu à la radio. Si vous avez tendance à croire que les critiques sont tous une bande de snobs qui font exprès pour ne pas aimer les blockbusters, vous seriez sans doute mieux de passer votre chemin. Ici, on est face à un membre honoraire du #TeamSansComplaisance. J'attire particulièrement votre attention sur sa critique de Gerry, un film qui n'était pas facile à critiquer pour plein de raisons valables ou non. "Gerry, d'Alain DesRochers, prouve que le talent d'un acteur et de perruquiers ne font pas nécessairement un grand biopic."

MES ÉDITOS:

Citation du mois: Michel Coulombe, le 25 juin, à Je l'ai vu à la radio à propos des chanteuses à voix: "Le problème de ces chanteuses-là c'est qu'elles ont plus de voile que de gouvernail!"

Magnifique rencontre: Le 10 juin dernier, dans le cadre des Francofolies de Montréal, Sylvain Cormier rencontrait Mara Tremblay. Une rencontre touchante et humaine, accompagnée d'une magnifique photo. «Je t'avoue qu'après 20 ans d'insouciance, ça me rattrape, la précarité de l'artiste. Ramer encore autant, jamais passer à la radio... Jamais récolter de droits d'auteur, ou si peu... Mes salles sont pleines, mais c'est pas assez pour me faire vivre. Oui, les gens sont super affectueux, mais j'ai 41 ans, bientôt 42: qu'est-ce qui se passe après?»

Urgence 2.0: Quelques heures après la parution de l'article de Stéphane Baillargeon annonçant la fin de l'émission littéraire Vous m'en lirez tant, les médias sociaux s'enflammaient. L'article soulignait que "pour l'instant, selon sa propre formule, la direction n'a rien de précis en tête pour parler livre et littérature à la Première Chaîne." Cette information contredisait d'autres échos, Patrick Bauduin (grand admirateur de France Culture) ayant déjà annoncé qu'il y aurait plus de littérature à la radio. Quelques jours plus tard, la nouvelle grille d'été annonçait du bon, y compris une émission littéraire. Cette semaine, nous apprenions l'arrivée à l'automne de Marie-Louise Arsenault à la barre d'une heure, quatre jours semaine, pour discuter de livres et de littérature. Et puis voilà qu'on apprend que la demande de Patrick Bauduin est de retrouver un espace critique et que la radio ne soit pas qu'un instrument promotionnel. Bravo!

L'urgence du 2.0 n'est pas toujours bonne conseillère. Vous imaginiez quoi, que Radio-Canada allait donner un scoop de programmation au journaliste qui a mené la fronde de la madamisation? Il est normal qu'un groupe médiatique ne brûle pas ses annonces, il est normal qu'il y ait un délai entre une "primeur" journalistique et la réponse des principaux concernés. Et il n'est pas normal que vous déchiriez publiquement votre chemise en vous fiant sur une seule source...

Egotrip: Très contente d'avoir pu publier un papier sur le site jepenseque.voir.ca et ainsi, je l'espère, sensibiliser certaines personnes à la nécessité d'établir un dialogue fécond entre le secteur culturel et artistique québécois et celui qui vibre dans les communautés francophones et acadiennes.

Bulletin de la critique et de la chronique - mai 2011

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CHRONIQUES

Débat du mois: Le débat commence-t-il avec la parution de la première chronique de Nathalie Elgrably-Lévy? J'ai tendance à croire que la chronique post-électorale de Marc Cassivi est le point 0 de l'affaire puisqu'on y trouve le mot qui fait mal: inculte. Mais après la sortie d'Elgrably-Lévy, ce fut la déferlante: Simon Jodoin, Pierre Duhamel, Nicolas Dickner, Nathalie Petrowski, re-Simon Jodoin (qui répond à la prise 2 d'Elgrably-Lévy), Pascal Henrard, Stéphane Dompierre, Jérôme Lussier, zerotom et Jean-Jacques Strélisky. Aussi, un (autre!) merveilleux papier de David Desjardins qui résume bien le climat de rupture dans lequel s'inscrit cette histoire: "Et voilà par quel mécanisme on transforme l'ignorance en suspicion, et la suspicion en mépris."

Chronique qui fait tiquer: Patrick Lagacé (en réponse à une lettre de Robert Darlington) exprimait un ras-le-bol de voir les gens se surprendre encore que la pub ne soit pas un reflet réel de la société. Là où le chroniqueur a raison, c'est qu'il devient tannant de voir les gens en constante "révolte" devant des phénomènes auxquels ils ne veulent rien changer. On ne veut pas de ces pubs qui maquillent, mais on achète tout de même. On ne veut pas de politiciens qui mentent, mais on punit les politiciens qui ne font pas de promesses incroyables. Là où, à mon avis, Patrick Lagacé se trompe, c'est qu'il ne s'agit pas de savoir si la pub est le reflet ou non de la réalité, mais de voir en quoi elle est performative, comment elle influence (même inconsciemment) notre réalité. (Mon texte sur Superman sur un sujet semblable.)

Les quelques mots de trop: Dans une chronique sur la mort de Ben Laden (pour abonnés seulement), François Brousseau écrivait: "Aux États-Unis, ces bonnes questions sont expulsées comme insultantes et «non avenues», par des patriotes — et quel Américain ne l'est pas? — de toutes tendances idéologiques..." On comprend ce que le chroniqueur veut dire, mais pourquoi s'encombrer de ce "et quel Américain ne l'est pas?". Plusieurs. Des milliers d'Américains anarchistes, altermondialistes, radicaux. On dit qu'en chronique, les généralités servent parfois un propos ou une image... mais c'est si rare finalement.

REVUE

Droit au coeur: Le texte n'existe pas en ligne, mais il faut aller lire la chronique écrite par la poétesse acadienne (Nouvelle-Écosse) Georgette LeBlanc pour la revue Nuit blanche. "Le livre jamais lu" devient un prétexte pour parler de sa naissance en tant qu'écrivaine. "Or malgré moi, j'écrivais. J'écrivais dans mes langues officielles sans oser toucher l'essentiel."

SPÉCIAL #CANNES:
Cannes 2011: consécration, pour moi, de l'intérêt de suivre un événement d'envergure sur Twitter. Le fait que je préfère entendre parler des films que de les voir n'y est pas étranger (n'essayez pas de comprendre...). Les années passées, je suivais religieusement Odile Tremblay dans mon Devoir papier. Cette année, c'était le buffet en 140 caractères: les critiques jamais d'accord, les réactions spontanées, les conférences de presse comme si vous y étiez, le fil RSS de tout ce qui se publie (ils en ont torché de la copie!). Et toutes les blagues possibles quant au silence de Mel Gibson derrière un castor...

Critique la plus humaine: J'aime cette façon qu'a Normand Provencher d'avouer qu'il a changé d'idée: "...ce rare Malick n'est pas un film décevant, je retire mes écrits prématurés de blogueur. [...] Parlons plutôt d'un film obsédant." Je vote pour une critique humaine et en mouvement!

Palme de la chronique (et de l'autodérision): J'ai bien aimé ce texte de Marc Cassivi, petit film efficace où il consolide son "personnage" de belle façon, un pied dans l'intime, un pied dans l'universel. Rien de factuel, mais un petit moment de littérature éphémère croisant rigolade et angoisse. À défaut d'être un anti-héros, le "narrateur" est un anti-mondain. Il fait penser à un insecte attiré par la lumière mais qui, une fois qu'il a les ailes qui chauffent, se dit que le combo "coton ouaté/salon" lui convient mieux que "petits fours/noeud papillon". "Ils m'ont jeté un regard furtif en même temps, puis se sont détournés aussitôt, confirmant que j'étais, comme on dit à Paris, un «nobody». Lui-même en personne." La chronique n'est parfois qu'un miroir qu'on vous tend. (Et celui-là, je me suis vue dedans!)

PS: Egotrip: Hey! C'est moi dans un texte de la sémillante Manon Dumais! Touchée.

Bulletin de la critique et de la chronique - avril 2011

Bulletins précédents: février 2011, mars 2011

Étrange mois d'avril monopolisé par les élections (dont je ne souhaite pas parler ici) et le débat sur l'Affaire Cantat. La chronique n'a pas trop donné dans le sujet varié et mon attention pour la critique était... vacillante.

CRITIQUES

Palme d'or: Aleksi K. Lepage n'est pas très fort sur l'auto-promotion de son côté Critique-avec-un-grand-C. Résultat: j'ai tendance à l'oublier (pas lui, mais son lui Critique). Depuis que je me suis retrouvée avec La Presse du 2 avril entre les mains (et le tour de rein qui l'accompagne nécessairement!), j'ai laissé un post-it sur mon ordi pour ne plus l'oublier jamais! C'est qu'en moins de 400 mots il arrive toujours à être précis, juste... et drôle. Voyez comme il souligne que l'action de Winter in Wartime se situe "quelque part dans l’équivalent hollandais de Saint-Jérôme", que celle d'Insidious se passe la nuit puisque "qu’il n’arrive rien qui soit de nature ectoplasmique avant les nouvelles du sport" et que celle de Hop prend place dans "une immense manufacture de cochonneries lesquelles seront distribuées partout à travers le monde entier (c’est-à-dire les États-Unis)". Pour ma part, Aleksi K. Lepage prouve surtout qu'il est possible de ne pas produire de la critique comme de la saucisse en usine (et, ce, même si les films critiqués semblent parfois produits en usine!).

Critique la plus enthousiaste: François Lévesque à propos du nouveau film de Bertrand Blier. Si je ne l'avais pas lu à 22h30 dans une chaise à massage du gym je pense que je partais pour le cinéma tout de go!

Citation du mois: "Comme il y a longtemps que le chef de file de la Nouvelle vague ne nous demande plus d’essayer de comprendre ses films, on ne fera pas semblant." Marc-André Lussier à propos du dernier Godard, Film socialisme.

CHRONIQUES

Chronique la plus drôle: Nathalie Petrowski signait une chronique décapante et franchement très drôle sur le mariage royal... et le délire médiatique qui l'accompagne. "J'espère qu'ils ne seront pas 250 comme ceux envoyés par le réseau NBC. 250!!!! Pour faire quoi? Interviewer les chaînes de trottoir? Parler aux assiettes et sous-plats à l'effigie du couple royal?"

À écouter... et à suivre: J'étais déçue de manquer la conférence de La Presse sur L'art d'assumer son opinion. Intéressante discussion animée par Patrick Lagacé et réunissant Nathalie Petrowski, Marc Cassivi, Marie-Claude Lortie et Vincent Marissal. Vous pouvez l'écouter en ligne. J'y reviendrai plus en longueur cette semaine.

DÉBAT DU MOIS: AFFAIRE CANTAT

Même si je le souhaitais, il me serait impossible de répertorier tout ce qui s'est écrit sur cette affaire. Pour ma part, ce fut une expérience éprouvante et plus violente que certains ont voulu nous le faire croire. Sans revenir sur les grands arguments du débat, je partage quelques considérations et vous incite, si ce n'est déjà fait, à écouter l'excellente entrevue d'Anne-Marie Dusault avec Wajdi Mouawad.

Mélange des genres: C'est pourtant un écueil si bien connu des médias... Dans l'article de Luc Boulanger en une du Devoir le 5 avril, un soudain glissement vers l'opinion m'apparaît difficile à expliquer. Extrait: "Tout ce qu'il [Mouawad] touche artistiquement ressemble à un acte de rédemption pour se libérer des blessures éternelles de l'injustice des hommes, de la souffrance humaine."

Absence de ligne éditoriale: Agréable de ne pas sentir de ligne éditoriale forte dans les médias autour de cette question. Agréable aussi le dialogue avec le public qu'ont soutenu les journalistes. Ça explique encore moins  la réaction de Wajdi Mouawad qui, selon Marc Cassivi, refuserait de parler aux gens de La Presse. On comprend que ce serait suite à cette note de blogue assez virulente de Patrick Lagacé. Qu'on boycotte l'ensemble d'un média à cause d'une entrée de blogue d'un chroniqueur, ça me dépasse un peu. Il me manque peut-être des bouts de l'histoire ou, alors, c'est une autre démonstration qu'on comprend souvent bien mal le fonctionnement d'une salle de presse.

Chronique qui m'habite encore: Il s'est écrit beaucoup de choses sur cette question. Comme plusieurs autres, je me suis risquée deux fois plutôt qu'une. Je retiens, entre toutes, une chronique écrite par Chantal Guy qui parle de nous tous. "Ce n'est pas sans une certaine nausée qu'on émerge de ce cloaque, où le pire et le meilleur finissent par s'annuler, et un dégoût de soi d'y avoir trempé."

Bulletin de la critique et de la chronique - Mars 2011

Bulletin précédent: février 2011

CRITIQUES

Critique qui te fait regretter d'être ailleurs: Aline Apostolska à propos de Cinq humeurs de Danse Carpe Diem: "Une pièce rude qui prend aux tripes, mais dont se dégage une beauté presque improbable, brute et pure comme l'espace nu et les costumes blancs."

Critique la plus décoiffante: Nathalie Petrowski à propos de la pièce 20 novembre. Pour tous les détails, lire mon texte sur le sujet.

Critique la plus full cool: Dans le Journal de Montréal, Anne-Marie Lobbe commente la littérature jeunesse en "s'adressant à son public". Je repense à Yves Nadon qui, dans les pages du Voir, déplorait l'absence de littérature jeunesse dans nos médias. Je me dis que le vide est parfois préférable au n'importe quoi. "Mais, si tu es du genre à capoter sur les récits plutôt bizarres, tu vas vraiment triper sur Les yeux gris et Scrap it! dans lequel l’auteur interagit directement avec son personnage!"

Mention spéciale "Coudonc, nous couvres-tu une grippe?": Marc Cassivi a trouvé du charme à French Kiss! Il faut écouter l'extrait (à 9 minutes environ) pour sentir l'incrédulité de Marc-André Lussier et Manon Dumais. (J'espère que tous ceux qui googleront "Marc Cassivi n'aime jamais rien" tomberont ici pour le prochain quart de siècle! C'est mon effort pour canaliser les frustrations du lecteur lambda...)

CHRONIQUES

Chronique "J'aurais pu l'écrire": Steve Proulx réclame des émissions culturelles spécialisées. Où est-ce qu'on signe?

Palme d'or: Un tour du chapeau à Rima Elkouri qui a eu un mois solide. D'abord pour la chronique la plus drôle toute catégorie confondue en réaction à la sortie de Christian Dufour sur le bilinguisme: "Ciel! Je suis un caribou sans boussole et je ne le savais même pas." Ensuite, pour cette expression de démocratie du brocoli qu'on devrait adopter et ne plus quitter. Finalement, pour cette chronique sur Huntingdon qui est hallucinante (dans le sens le plus pur du terme). J'ai lu ce texte avec tellement d'arrière-goûts en bouche que je ne savais plus sur quoi (ou sur qui) cracher.

Mention "Trop de métaphores c'est comme pas assez": Dans son article Dix bonnes raisons de ne pas devenir l'ami d'une marque ou d'une entreprise en ligne, Fabien Deglise compare la présence des marques sur les médias sociaux aux témoins de Jéhovah du samedi matin juste avant d'affirmer que les marques ont pris la place du barman du samedi soir. Ou comment mélanger des pommes et des oranges. On ne peut pas comparer la place que les gens acceptent de donner aux entreprises privées dans leur vie à celle qu'ils donnent à des groupes religieux et je ne connais personne qui se confie à l'avatar de Nike!

MOMENTS FORTS

Le bon gag du titreur: L'album Joe Dassin symphonique classé sous la rubrique Recyclage dans Le Devoir!

Rencontre marquante: Voir est allé dans les studios de répétition de Marie Chouinard. Une chance rare de saisir ce qu'est un artiste danseur. Émouvante beauté créatrice. (2 mars)

Citation du mois: Marc-André Lussier à propos de la cérémonie des Oscar: "Les animateurs les plus allumés du monde ne sauraient faire lever une cérémonie célébrant des lauréats beiges qui, en plus d'être non-politisés et non-engagés, sont à peu près aussi excitants qu'une pluie froide de février." 

Débat du mois: Sans surprise: la madamisation. Rien à ajouter à ce que j'en ai déjà dit, mais voici les références pour la petite histoire. Le texte de Stéphane Baillargeon, la réplique de Nathalie Petrowski et celle de Dominique Poirier, le deuxième texte de Stéphane Baillargeon. Et les grains de sel de Patrick Lagacé (et deux fois plutôt qu'une), Simon Jodoin, Josée Blanchette, Geneviève Lefebvre, Renart Léveillé et, mon préféré, Dominique Charron. J'en oublie sans doute.

EGOTRIP

On m'a citée deux fois dans le journal ce mois-ci! J'ai été flattée qu'un certain chroniqueur de La Presse évoque une de mes réparties dans un article où il confesse sa twitto-dépendance. J'ai été plus surprise de me retrouver dans la chronique de Stéphane Baillargeon avec mon image de niche qui se transforme en palace.

Être quelqu'un d'autre, je vous dirais que ça me laisse froide et que je ne fais rien de tout cela pour de la reconnaissance...

Heureusement, je suis moi! Je ne vous mentirai pas aussi effrontément.