Dans la foulée de l'affaire Wagner-Thibert, Louis Morissette a écrit un message sur sa page Facebook. J'aimerais y répondre. Mais d'abord, voici la version intégrale:
« Ouin ... J'ai les deux pieds dans le Bye Bye et je fais ce triste constat : Le Québec me déprime.
Les gens s'offusquent pour des conneries et laissent les vrais enjeux se morpionner au point de faire du Québec une société qui n'avance plus, qui a les deux pieds dans le ciment.
Une trop grande minorité de gens ont des réflexions à deux cennes alimentées par des commenteux d'une alarmante paresse intellectuelle. Des commenteux qui n'ont pas plus de jugement que de vocabulaire.
Basé sur leur analyse, soyez avertis:
Dans le Bye Bye 2012, "j'intimiderai" les politiciens, les artistes, les sportifs, les hommes, les femmes, les gais, les rouges, les verts, les roux ... ainsi que matricule 728. Je le ferai avec vos taxes, devant 4 millions de personnes.
Puisque nous sommes plus intéressés à partager nos opinions qu'à réfléchir, j'attends les commenteux dans 3...2...1 ... »
M. Morissette,
D'abord, je dois dire qu'après ce qui nous a secoué ce printemps, je pensais qu'on en avait fini d'entendre parler de ce supposé immobilisme québécois avec lequel on nous bassine depuis des années. 200 000 personnes en mouvement dans la rue, mais les pieds dans le ciment? Vous trouvez vraiment que la Commission Charbonneau n'inquiète pas les gens? Vous ne sentez pas la fébrilité ambiante?
Ensuite, je pourrais être tentée de croire que votre montée de fiel vise sans les nommer certains commentateurs de la famille médiatique adverse qui ont fait leurs choux gras de l'affaire Wagner-Thibert. Pourtant, il est bien écrit que le Québec vous déprime et le centre de votre crise porte sur les « commenteux », cette « trop grande minorité » (concept pour le moins abstrait) qui s'offusque pour des conneries et ne s'occupe pas des affaires importantes.
Vous m'excuserez, mais je me suis sentie visée. En tant que « commenteuse », et en tant que personne interpellée par l'affaire Wagner-Thibert. Eh oui, je suis interpellée par le fait qu'il vienne encore à l'esprit des humoristes en 2012 de faire des « jokes de plottes » sur les filles...
Je me suis sentie visée et après je me suis surtout demandé ce que vous faites tant que ça, vous, du haut de votre incroyable autorité morale, pour que les gens réfléchissent au lieu de donner leur opinion. Auriez-vous dans votre cv la production d'une émission d'affaires publiques ou d'un magazine culturel digne de ce nom qui se proposerait de faire avancer la pensée? Avez-vous à ce point l'impression de participer à une marche qui est en train de nous mener dans une nouvelle ère de lumière?
Juste pour vous, voici en vrac quelques questions que soulève l'affaire Wagner-Thibert.
- Y a-t-il une responsabilité sociale de l'humour?
- Mais qu'est-ce que c'est finalement, l'intimidation? Est-ce que ça peut se produire sur scène ou à la télévision?
- L'intimidation se définit-elle par le ressenti de la « victime » ou par les intentions du supposé « intimidateur »?
- Quelle est la limite de la liberté d'expression? Doit-il y en avoir une?
Non seulement vous trouvez qu'il s'agit de questions inintéressantes, mais vous les ridiculisez en affirmant que vous ferez de l'intimidation dans le Bye Bye. Au lieu de contribuer à faire du débat une conversation intelligente, vous le minez volontairement (on dirait un ado qui fait un moon). On sent là tous vos efforts pour contribuer à l'avancée de la pensée: si vous trouvez que c'est sans intérêt, de la marde, vous ridiculisez tout le monde qui se sent interpellé, sans nuances.
Au nom de quoi vous estimez-vous mieux placé que moi (que nous?) pour décider qu'une question est importante? Avez-vous lu Platon? Au lieu d'une République des idées, vous proposez une République du divertissement? On remettrait entre les mains des stars de la télé les clés de l'ordre du jour: dites-nous ce à quoi il faut penser. (Remarquez, c'est pas mal déjà ça le résultat, mais c'est une autre histoire...)
Il serait vraiment temps que ceux qui ont des tribunes importantes constatent qu'il y a là une part de conjoncture. Même si vous avez tous travaillé très fort pour vous rendre où vous êtes, ça ne devrait pas être la tribune qui vous donne de l'autorité, mais la qualité de ce que vous en faites.
Alors quand vous aurez fait la liste de ce que vous faites tant que ça pour faire avancer la réflexion sur les sujets vraiment importants, vous pourrez me faire signe pour me donner des leçons.
Une inconnue commenteuse qui ne regardera pas votre Bye Bye si vous y faites des « jokes de plottes »
Ce texte me touche droit au coeur, j'en ai les larmes aux yeux.
Ah (soupir), ce "cynisme ambiant" dont on nous affuble comme nation, on voit qu'on peut difficilement s'en passer, toujours quelqu'un pour venir tirer sur les têtes qui sortent pour vivre ce qu'il y a à vivre de confrontant.
Tout à fait d'accord, ce n'est pas anodin cette affaire Wagner-Thibert pour les personnes qui creusent un peu plus loin que la surface gazonnée.
J'espère très sincèrement que Louis Morrissette nous répondra, car je me sens très concernée, ne serait-ce que parce que cet être dynamique qu'il est ne me laisse pas indifférente.
Rédigé par : Venise | 25/10/2012 à 15:03
Un peu raison, Louis Morrissette! On ns endort et on ns laisse dormir alors que les casseroles résonnent... raisonnent.
En fait, ceux qui sont la source des idées du ByeBye les transforment eux-mêmes maintenantm vous volant, du coup, votre job. Sans s'en rendre compte, sans doute.
Il vous reste donc à aller plus loin (ça s'peut, ça?) que les politiciens/artistes en mal de jeux!
Je compte sur vous, Louis M.!
lise b.
Rédigé par : lise boileau | 26/10/2012 à 10:31