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Dans la foulée de l'affaire Wagner-Thibert, Louis Morissette a écrit un message sur sa page Facebook. J'aimerais y répondre. Mais d'abord, voici la version intégrale:
« Ouin ... J'ai les deux pieds dans le Bye Bye et je fais ce triste constat : Le Québec me déprime.
Les gens s'offusquent pour des conneries et laissent les vrais enjeux se morpionner au point de faire du Québec une société qui n'avance plus, qui a les deux pieds dans le ciment.
Une trop grande minorité de gens ont des réflexions à deux cennes alimentées par des commenteux d'une alarmante paresse intellectuelle. Des commenteux qui n'ont pas plus de jugement que de vocabulaire.
Basé sur leur analyse, soyez avertis:
Dans le Bye Bye 2012, "j'intimiderai" les politiciens, les artistes, les sportifs, les hommes, les femmes, les gais, les rouges, les verts, les roux ... ainsi que matricule 728. Je le ferai avec vos taxes, devant 4 millions de personnes.
Puisque nous sommes plus intéressés à partager nos opinions qu'à réfléchir, j'attends les commenteux dans 3...2...1 ... »
M. Morissette,
D'abord, je dois dire qu'après ce qui nous a secoué ce printemps, je pensais qu'on en avait fini d'entendre parler de ce supposé immobilisme québécois avec lequel on nous bassine depuis des années. 200 000 personnes en mouvement dans la rue, mais les pieds dans le ciment? Vous trouvez vraiment que la Commission Charbonneau n'inquiète pas les gens? Vous ne sentez pas la fébrilité ambiante?
Ensuite, je pourrais être tentée de croire que votre montée de fiel vise sans les nommer certains commentateurs de la famille médiatique adverse qui ont fait leurs choux gras de l'affaire Wagner-Thibert. Pourtant, il est bien écrit que le Québec vous déprime et le centre de votre crise porte sur les « commenteux », cette « trop grande minorité » (concept pour le moins abstrait) qui s'offusque pour des conneries et ne s'occupe pas des affaires importantes.
Vous m'excuserez, mais je me suis sentie visée. En tant que « commenteuse », et en tant que personne interpellée par l'affaire Wagner-Thibert. Eh oui, je suis interpellée par le fait qu'il vienne encore à l'esprit des humoristes en 2012 de faire des « jokes de plottes » sur les filles...
Je me suis sentie visée et après je me suis surtout demandé ce que vous faites tant que ça, vous, du haut de votre incroyable autorité morale, pour que les gens réfléchissent au lieu de donner leur opinion. Auriez-vous dans votre cv la production d'une émission d'affaires publiques ou d'un magazine culturel digne de ce nom qui se proposerait de faire avancer la pensée? Avez-vous à ce point l'impression de participer à une marche qui est en train de nous mener dans une nouvelle ère de lumière?
Juste pour vous, voici en vrac quelques questions que soulève l'affaire Wagner-Thibert.
- Y a-t-il une responsabilité sociale de l'humour?
- Mais qu'est-ce que c'est finalement, l'intimidation? Est-ce que ça peut se produire sur scène ou à la télévision?
- L'intimidation se définit-elle par le ressenti de la « victime » ou par les intentions du supposé « intimidateur »?
- Quelle est la limite de la liberté d'expression? Doit-il y en avoir une?
Non seulement vous trouvez qu'il s'agit de questions inintéressantes, mais vous les ridiculisez en affirmant que vous ferez de l'intimidation dans le Bye Bye. Au lieu de contribuer à faire du débat une conversation intelligente, vous le minez volontairement (on dirait un ado qui fait un moon). On sent là tous vos efforts pour contribuer à l'avancée de la pensée: si vous trouvez que c'est sans intérêt, de la marde, vous ridiculisez tout le monde qui se sent interpellé, sans nuances.
Au nom de quoi vous estimez-vous mieux placé que moi (que nous?) pour décider qu'une question est importante? Avez-vous lu Platon? Au lieu d'une République des idées, vous proposez une République du divertissement? On remettrait entre les mains des stars de la télé les clés de l'ordre du jour: dites-nous ce à quoi il faut penser. (Remarquez, c'est pas mal déjà ça le résultat, mais c'est une autre histoire...)
Il serait vraiment temps que ceux qui ont des tribunes importantes constatent qu'il y a là une part de conjoncture. Même si vous avez tous travaillé très fort pour vous rendre où vous êtes, ça ne devrait pas être la tribune qui vous donne de l'autorité, mais la qualité de ce que vous en faites.
Alors quand vous aurez fait la liste de ce que vous faites tant que ça pour faire avancer la réflexion sur les sujets vraiment importants, vous pourrez me faire signe pour me donner des leçons.
Une inconnue commenteuse qui ne regardera pas votre Bye Bye si vous y faites des « jokes de plottes »
Rédigé à 10:45 | Lien permanent | Commentaires (2)
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Prologue
Je suis en France. Nous sommes la nuit. Je dors mal. Je ne dors pas. Le décalage, ce n'est pas ma tasse de thé. Avec mes petits ennuis de santé, c'est pire. Le médecin m'avait prévenue: «C'est comme si tu manquais d'élasticité.» Voilà, je manque d'élasticité. Je ne m'adapte à rien.
Réveillée ici avant que vous ne vous couchiez là-bas, j'étais en ligne quand Marie-Élaine Thibert a fait sa sortie sur l'intimidation. En ligne et fatiguée. J'ai voulu nuancer l'utilisation du terme. On me l'a reproché. J'ai l'habitude. Devant les enjeux moraux, on ne veut pas de nuances. C'est tout noir ou tout blanc. Tu es avec nous ou contre nous. Je me retrouve toujours contre tout le monde (sauf deux ou trois aussi freaks que moi). Comme quoi on n'est jamais seul, malgré le sentiment de l'être.
Humour
Quelques mots, d'abord, sur la joke de Guillaume Wagner. Ma première pensée rationnelle, ça été de l'affligement. Vraiment, y'a quelqu'un quelque part qui a trouvé ça drôle? Un scripteur? Lui? Son entourage? C'est pas supposé être notre relève humoristique politisé, ça? Ciboire. L'avenir est reluisant. (C'est là que je me suis rappelée que je n'ai pas d'humour et qu'il y avait sans doute un deuxième degré. Ah... Et puis non, pas de deuxième degré après avoir fouillé un peu. Juste du gros humour de mononcle version cool qui chiâle contre Radio X mais qui tient exactement le même genre de propos sur scène. Sans CRTC pour porter plainte...)
Pour être honnête, avant ça, j'avais eu quelques pensées irrationnelles. Ma première pensée ça été: « Si Marie-Élaine Thibert est si laide que ça, qu'est-ce que je dois être laide moi!? » Ma première pensée ç'a été une pensée d'ado. Une pensée d'ado qui n'en finit plus jamais d'être blessée. Moi aussi, je m'énerve. Moi aussi, je voudrais être guérie. Mais je ne suis pas guérie. J'ai pensé à ça et après j'ai pensé aux filles qui ont 14 ou 15 ans maintenant et qui entendent ce gag et qui ont la même réaction que moi mais sans la distance pour la relativiser. Des filles qui sont convaincues (avec ou sans raison) d'être plus laides que Marie-Élaine Thibert et qui viennent d'avoir la confirmation que leur vie sexuelle sera un calvaire.
Guillaume Wagner nous dira que ce n'est que de l'humour et comme beaucoup de ses semblabes il refusera peut-être d'admettre que sa parole contribue à la constitution d'un tissu social (y compris à engendrer de l'exclusion).
Et pourtant
Est-ce que c'est assez clair que j'ai de l'empathie, là? Pourtant, comme beaucoup d'autres, j'ai tiqué sur l'utilisation du mot "intimidation". Je trouve que la nuance n'est jamais vaine, elle prévient les abus de demain.
Nous ne savons pas ce qu'est l'intimidation, nous ne le savons plus puisque comme le disait un utilisateur Twitter, c'est le nouveau buzzword. Tout le monde s'en sert. J'ai déjà écrit qu'il faut éviter de confondre toutes les douleurs avec de l'intimidation. Toutes les insultes aussi. Certains usagers m'ont dit qu'elle était « blessée ». Je n'en doute pas. Je le suis pour elle. Mais toute blessure n'est pas de l'intimidation.
D'autres m'ont dit que l'intimidation c'est un sentiment, quelque chose de l'intérieur. C'est bien ce qui est le problème. Si c'est le ressenti de la victime qui définit ce qu'est l'intimidation, l'intimidation ne veut malheureusement plus rien dire. Parce qu'alors, Christine Saint-Pierre qui crie à l'intimidation des carrés rouges a peut-être raison si elle le ressent. Et les artistes qui crient à l'intimidation quand la critique est trop musclée aussi. Et aussi parce que, si c'est le cas, l'acte répréhensible dépend soudain plus de la « capacité à en prendre » de la victime que de l'acte lui-même. Le gag de Wagner est-il drôle si sa victime ne se plaint pas?
Nous sommes sur une pente extrêmement glissante, une pente qui n'est pas nouvelle et qui trouve son équilibre dans la tension entre la liberté d'expression et le respect des personnes. Ce débat dépasse largement l'affaire Thibert-Wagner.
Épilogue
Peut-on aller plus loin? Il semble que non. L'histoire est déjà réglée, Wagner retirera son gag. Thibert a mis un smiley sur sa page Facebook. C'était tout, donc? Une tornade?
Il me semble pourtant que sous prétexte d'un cas particulier, on manque encore une belle occasion de nous interroger sur la portée du langage. (Et aussi sur le poids social de l'humour, mais ça...)
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La cause est entendue (du moins par ceux que je ne trouve pas drôles): je n'ai pas d'humour. Si on voulait être plus juste, on pourrait dire que je manque parfois de ludisme. C'est vrai aussi avec les mots. Oserais-je vous dire jusqu'à quel point la plupart des jeux de mots me laissent de glace... Même chose avec un certain humour que je vois partout, lis partout, qui tend à traiter les sujets graves par un déphasement qui n'a plus grand-chose de subversif.
J'aime jouer dans l'espace de jeu. Quand j'en sors, les jeux me pèsent.
Je constate un intérêt qui me semble grandissant pour le ludisme de l'écriture. Ça n'a rien de nocif en soi, bien sûr. Jouer avec les mots, quitte à en rire, c'est aussi une façon de les apprivoiser. Mais, tout comme avec les exercices de style, il faut savoir les manier. Et aussi savoir quand s'arrêter.
J'entendais le poète Jonathan Roy lors du lancement de son premier recueil remercier ceux qui l'avaient convaincu de s'éloigner des jeux de mots. Je les ai aussi remerciés intérieurement. Si la poésie est l'endroit idéal pour se jouer du langage, le jeu de mots, dans sa plus simple expression, n'est pas toujours gagnant parce qu'il reste trop souvent en surface. Le slam, d'ailleurs, a parfois ce sérieux problème d'abuser du ludisme des mots quitte à plomber la force des images au profit d'un trait d'esprit.
De la même façon, je lis trop souvent des romans ou des recueils de nouvelles où les exercices de style se lisent encore à gros traits, comme un film qui s'entêterait à nous montrer la mécanique de ses effets. Si les exercices de style font les belles heures des ateliers d'écriture et de certains défis et concours, il n'est pas tout à fait normal que je les sente encore dans un livre. Quand en lisant un chapitre j'ai l'impression de décoder la consigne - par exemple: « Explorer la métaphore de la forêt pour exprimer l'isolement. » - ce n'est pas vraiment bon signe.
Tout cela sert à délier la plume, à jauger l'élasticité du langage, à voir jusqu'où nous pouvons étirer le sens sans qu'il s'effrite. C'est l'équivalent d'aller taper des balles de tennis contre un mur. Ça délie, ça entraîne, ça fait du bien, mais il ne nous viendrait pas à l'esprit d'inviter tout notre monde pour nous regarder faire.
N'est pas Queneau qui veut à pousser l'exercice jusqu'à en faire une oeuvre en soi. Ni Prévert. Ni même, pour rester plus près de nous, Fred Pellerin dont l'invention langagière a une portée poétique.
Ce qui me rassure dans un certain abus de ludisme, c'est qu'il parle d'un intérêt pour la forme du langage et de l'écriture. En soi, c'est déjà positif de s'imaginer que les gens cherchent des façons de dire et pas uniquement des choses à dire. Le problème advient si on sent la recette.
D'abord parce qu'elles peuvent montrer les ficelles au point de nous déconcentrer. Mais aussi parce qu'elles mettent l'accent sur une certaine « virtuosité » (je mets des guillemets importants) davantage que sur un propos. Je parlais de slam plus tôt. Il est parfois frappant d'y entendre des performances impressionnantes en termes d'ingéniosité et de maîtrise du langage, mais qui ne disent rien. Elles se suffisent à elles-mêmes, comme un numéro de jonglerie.
Le défi de la forme en littérature, c'est d'arriver à la réinventer pour dire quelque chose différemment. Il faut mettre en jeu une parole qui surprend, pas nécessairement par son propos, mais par sa façon d'être. Or, une parole, ce n'est pas que l'accumulation de mots...
Quand un jeu autour de la langue surprend... mais ne porte rien d'autre que sa surprise , je décroche. À moins que vous vous appeliez Queneau (ou, peut-être, Alain Farah) et que vous sachiez faire du jeu lui-même un sens.
Rédigé à 10:00 dans Concepts et vocabulaire, Littérature | Lien permanent | Commentaires (0)
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Si les médias sociaux prennent de plus en plus de place dans nos vies, nous devons nous interroger sur les besoins qu'ils comblent. Parce que je ne savais pas trop par où prendre la question, je vous l'ai posée.
Un échantillon absolument non scientifique, mais tout de même impressionnant m'a répondu. À première vue, vos réactions me confortent dans l'idée qu'il est assez difficile de cerner un profil unique de l'utilisateur des médias sociaux. Tout de même, je note que deux catégories de raisons s'imposent.
Les premières raisons que je dirais plus intellectuelles insistent sur la diversification des sources d'information, le fil de nouvelles à portée d'un clic, le réseautage avec gens qui ont les mêmes intérêts n'importe où à travers le monde, le maintien des liens professionnels, etc. Passons sur cet aspect plus consensuel.
D'autres m'ont répondu sur une base plus émotive. Le mot clé devient « solitude ». Pourtant, personne ne m'a parlé d'isolement, d'enfermement, de célibat qui pèse. Non. Vous m'avez parlé de votre vie de pigiste et des médias sociaux comme une machine à café (rappelons-nous que Ianik Marcil, dans les pages du Devoir, en parlait comme d'un 5 à 7).
Quelqu'un m'a aussi dit que ça correspondait parfaitement à son tempérament de « sociable sauvage ». Je crois que nous sommes plusieurs à nous reconnaître dans cette description.
Et puis vous m'avez parlé d'une solitude plus... métaphysique (ou fondamentale? ou radicale). D'un sentiment profond que vous tentez - vainement - de contrer. À défaut de vous en sortir, vous voyez dans les médias sociaux une forme de baume.
*
Je me reconnais en partie dans vos propos sur la solitude. Pourtant...
Pourtant je m'excuse souvent de mon utilisation abusive en me disant que c'est parce que je n'ai personne avec qui échanger pendant que j'écoute C'est juste de la tv ou Bazzo.tv. C'est toujours mon excuse préférée: si j'étais en couple, si j'avais des enfants, ce serait bien différent. Le problème c'est que dans de nombreux cas je constate que vous êtes en couple, vous avez des enfants... et vous êtes là quand même.
Alors, c'est quoi?
C'est peut-être ce syndrome du « sociable sauvage », cette fenêtre vers l'extérieur qu'offrent les médias sociaux en nous sortant de notre intimité casanière. En ce sens, il pourrait être tentant de rejoindre Simon Jodoin lorsqu'il parle de paresse sociale. Mais je réitère: est-ce vraiment plus paresseux que d'aller s'asseoir au bar en échangeant des banalités avec le serveur?
*
Oui, pour la solitude, mais il me semble que ce n'est pas tout. Vous ne m'avez pas parlé de l'absence du corps. Personne. Moi qui l'identifiais comme la principale caractéristique des relations en ligne, vous me faites douter.
Je constate que malgré ce qu'on en dit souvent, les médias sociaux ne m'empêchent pas de sortir, ils ne sont pas plus faciles, certainement pas plus superficiels, mais il me semble qu'ils se déploient dans la cérébralité. C'est un monde qui sans être faux est désincarné, dans la plus pure acceptation du terme. Et il y a sans doute un danger dans un surinvestissement de la vie cérébrale au détriment de relations qui impliquent la présence physique de l'autre.
Mais je ne vois pas de paresse dans les relations en ligne. Des peurs, sans doute. Des névroses, peut-être. Mais de la paresse, je ne crois pas. Pour la plupart d'entre nous, quelque chose est en jeu, même si ça se joue en 140 caractères. La preuve c'est qu'on s'y blesse...
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Dans mon cas, Twitter a remplacé Facebook, qui a remplacé la blogosphère, ICQ, les chatrooms. Avant ça, j'étais une ado qui s'ennuyait, qui avait du mal à trouver autour d'elle des échos à ce qui l'habitait, des endroits de dialogue avec des semblables. Il faut dire aussi que l'écrit me va, les communications en webcam ne m'ont jamais intéressée. D'ailleurs, avant tout cela il y avait un journal intime partagé avec une amie. Et quelques correspondances.
Il me semble que c'est par l'écriture que je m'approche le plus du noyau de qui je suis. J'arrive à y exprimer ce mélange de force et de fragilité. En face à face, la femme forte prend le dessus. Est-ce une question de charisme? Ou de profil physique? Ou ma volonté de me tenir la tête haute, de ne jamais être dans une position de faiblesse? Chose certaine, c'est en présence physique que je suis le plus fragile, mais c'est là aussi que vous ne le saurez jamais.
Pourquoi les médias sociaux? Peut-être parce que c'est l'endroit où j'arrive à exprimer mes contradictions sans qu'elles m'apparaissent comme un échec. Peut-être parce que j'ai moins peur de m'ouvrir si mon corps n'est pas en jeu.
Rédigé à 10:00 dans Médias sociaux et Web | Lien permanent | Commentaires (0)
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Simon Jodoin, rédacteur en chef du Voir, a fait une expérience d'un mois. En se privant de médias sociaux, il a voulu tester son rapport à l'information. Je mets en contexte parce que Simon n'aime pas quand j'assimile son expérience à une désintoxication. Il a bien raison. Là où il se trompe, c'est de soutenir que son expérience ne concerne que le rapport à l'information. La meilleure preuve c'est que son texte parle d'une paresse corporelle qui va bien plus loin que le rapport à l'information.
Je dirai d'abord que je ne suis pas étonnée par sa principale conclusion. En tant que gens avides d'information, nous n'avons pas besoin des médias sociaux pour nous informer. Ceux-ci ajoutent du crémage, de l'humour souvent, et parfois de la vitesse. Mais l'information, nous l'avons ailleurs. Quand je me débranche sporadiquement, ce que je manque, ce sont des potins ou des esclandres (qui concernent souvent Richard Martineau!).
Là où je décroche, c'est sur ce fossé que Simon décrit entre le réel (où se construirait le lien social significatif) et le virtuel. « Il est aussi utopique de s’imaginer qu’à cliquer sur des "j’aime" et des "retweet" pour défier l’ennui –ce qui demeure un jeu- nous puissions éventuellement créer un lien social. »
Bien sûr, ce n'est pas l'idéal que des gens s'imaginent être engagés parce qu'ils cliquent sur « J'aime ». Mais y a-t-il un désengagement parce que les gens cliquent sur « J'aime »? Assiste-t-on, depuis cinq ou dix ans, à une désaffection par rapport à l'engagement social? Ces gens qui cliquent sur « J'aime » à répétition sans agir, ont-ils déjà posé des actions? Partaient-ils « à la recherche de faits » avant les médias sociaux? Sérieusement... La paresse informationnelle n'est pas une nouveauté.
(Par contre, il y a un réel glissement lorsque les médias font de l'information avec ce qu'ils glanent sur les médias sociaux. Une tendance Twitter n'est pas de l'information. Mais à l'heure de l'obsession pour le journalisme de données, peut-être qu'un tel glissement n'est pas surprenant. Ça se mesure bien, puis on peut faire un graphique. Yeah!)
Pour revenir à la citation de Simon, j'ajouterais qu'il me semble très limitatif de focaliser sur les « J'aime » et les « Retweet ». Ce que j'ai surtout trouvé sur les réseaux sociaux (parce que j'y ai effectivement bâti un réseau), ce sont des gens qui partagent mes valeurs et mon niveau d'analyse. Je ne suis pas entourée, dans mon quotidien, de féministes militantes ou de gens qui s'intéressent à la construction des images et au rôle des médias. Sur les médias sociaux, j'échange des idées (oui, même en 140 caractères). En quoi cela ne serait pas du lien social significatif? Parce qu'on ne se regarde pas dans les yeux? Pourtant, j'en ai passé des soirées à regarder des gens dans les yeux où il ne se passait rien de très significatif...
Comme l'écrivait Philippe de Grosbois, je crois que le présumé fossé entre le réel et le virtuel est une fausse piste d'analyse. La distinction la plus intéressante, elle se fait entre une relation a-corporelle et une relation présentielle. Au plan psychologique, il y a un réel danger à couper tous liens présentiels pour se plonger dans ce que Simon appelle la paresse corporelle. Mais je ne vois pas en quoi des relations virtuelles ne pourraient pas contribuer au tissu social. En quoi, pour brasser des idées, avons-nous besoin d'être dans la présence corporelle de l'autre?
Dans son texte, Simon explique comment il doit se « re-présenter » lorsqu'il rencontre « en vrai » quelqu'un avec qui il échange régulièrement. J'ai vécu ça aussi, mais ce n'est pas généralisé. La plupart des gens avec qui j'échange sur Twitter sont ce que j'appellerais des complices intellectuels. Mais aussi des inconnus. Notre relation se résume à des idées, des réflexions, des gags.
Sauf qu'avec certaines personnes, la relation va plus loin (en privé, généralement). Certaines relations ont une quotidienneté étrange et une profondeur particulière. Ce sont des relations qui ne ressemblent à rien d'autre, mais elles ne sont pas fausses pour autant. Parfois, la rencontre en personne exige un ajustement, d'autre fois elle coule de source.
Ce qui me dérange c'est ce sous-entendu selon lequel l'outil freinerait l'engagement (par rapport à l'information comme aux relations). Simon l'écrit lui-même, ce n'est qu'un outil. Il peut teinter notre rapport au monde, mais rien ne m'indique qu'il induit une rupture fondamentale. Du small talk des 5 à 7 aux Unes des journaux à sensation, des grandes gueules qui animaient les soirs de taverne à la fascination pour les potins de tout type, la paresse ne date pas d'hier.
J'ai bien peur que la racine de ce mal-là soit bien plus profonde que l'émergence si récente d'un outil technologique.
Rédigé à 10:00 dans Médias sociaux et Web, Société | Lien permanent | Commentaires (3)
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Je ne parle pas souvent de mon travail sur ce blogue. Par choix, pour éviter de m'emmêler les chapeaux, pour me garder un espace à moi qui ne soit pas teinté par les impératifs de mon quotidien. Je ne voudrais pas que cet espace finisse par se confondre avec une plateforme de promotion des maisons d'édition qui m'embauchent.
N'empêche... Je reviens d'une semaine en Acadie du Nouveau-Brunswick et il est difficile pour moi de ne pas vous en dire plus. J'attendais ce séjour depuis longtemps sans trop savoir ce que j'y cherchais, encore moins ce que j'en espérais. J'y ai trouvé pas mal de choses, mais j'aimerais surtout parler de poésie.
Ce n'est pas innocent: on fête cet automne quarante ans d'édition franco-canadienne et c'est à Moncton, par la poésie, que sont nées les Éditions d'Acadie (malheureusement disparues depuis). Cri de terre, premier livre canadien édité en français à l'extérieur du Québec, le recueil de Raymond Guy Leblanc vient d'être réédité de magnifique façon (photos et archives en prime) par les Éditions Perce-Neige.
Ce qui était frappant, c'est de se retrouver en Acadie, entourée de jeunes poètes. J'ai passé une partie de la semaine avec Gabriel Robichaud et Jonathan Roy dont la parole singulière me suit depuis. Ces jeunes poètes ont comme premières références des poètes de chez eux qui avaient leur âge il y a quarante ans: Raymond Guy Leblanc, bien sûr, mais aussi Gérald Leblanc, Guy Arsenault, Herménégilde Chiasson et d'autres.
*
Dans son magnifique premier recueil qui paraît ces jours-ci, Jonathan Roy écrit « une voix rurale/qui ne pourrait s'écrire/qu'en caractère gras » mais aussi « une voix avec le plus haut taux d'analphabétisme au pays/une voix fers à chevals/avec un s sans l'accord de personne ». Poésie inscrite dans la géographie, on y retrouve Moncton, Miscou et on y devine plusieurs autres lieux encore: « à dos d'étoile/l'acadie c'est tout petit/et ça brule les cuisses ». Cette strophe m'avait déjà fait sourire avant même d'avoir entendu un inédit de Gabriel Robichaud qui semble lui répondre: « Je suis beaucoup plus qu'un accent/J'ai l'Acadie dans les balls/Et ça bouille ». Définitivement, il y a quelque chose qui brûle dans toute cette histoire. Dans le bas du corps.
*
Parfait hasard, mais j'étais dans mon lit à Caraquet quand Belle et Bum recevait Radio Radio samedi dernier. D'emblée, dans la présentation, Geneviève Borne insiste sur « leur bel accent ». Comme si on ne tournait pas les yeux au ciel chaque fois qu'un Français nous fait le goût. Tant qu'à parler de boulot, allons-y. C'est ce qui me frappe le plus depuis que je suis dans la francophonie canadienne: tout ce que le Québec fait vivre à ceux qui l'entourent et qui est une platte copie de ce que le Québec vit en France. Étonnant parfois, notre incapacité à nous voir aller.
*
Je ne pensais pas écrire là-dessus aujourd'hui. C'est mon travail de jour, ça m'occupe l'esprit bien plus que 35 heures par semaine. J'évite de mélanger les mondes même si mes mondes se chevauchent de si près. Je ne pensais pas parler de ça, mais c'est vrai que je n'en peux plus moi non plus d'entendre parler de leur(s) accent(s) et de leur folklore. Ils sont tellement modernes. Et pas d'hier... En relisant Cri de terre, on s'en souvient.
C'est en finissant le recueil que je me suis décidée à vous écrire ceci. Mais c'est surtout un prétexte pour vous faire lire ou relire ce qui suit. Je sais que Raymond Guy n'aime pas trop qu'on insiste sur cet épilogue qui l'a poursuivi longtemps. Mais c'est trop actuel et trop encore incompris pour qu'on n'insiste pas un peu plus fort.
Je suis Acadien
Je jure en anglais tous mes goddams de bâtard
Et souvent les fuck it me remontent à la gorge
Avec des Jesus-Christ projetés contre le windshield
Saignant medium-rareSi au moins j'avais quelques tabernacles à douze étages
Et des hosties toastées
Je saurais que je suis Québécois
Et que je sais me moquer des cathédrales de la peur
Je suis Acadien je me contente d'imiter le parvenu
Avec son Chrysler shiné et sa photo dans les journauxCombien de jours me faudra-t-il encore
Avant que c'te guy icitte me run over
Quand je cross la street pour me crosser dans la chambre
Et qu'on m'enterre enfin dans un cimetière
Comme tous les autres
Au chant de « Tu retourneras en poussière »
Et puis Marde
Qui dit que l'on ne l'est pas déjàJe suis Acadien
Ce qui signifie
Multiplié fourré dispersé acheté aliéné vendu révolté
Homme déchiré vers l'avenir
_____________________
L'éditeur utilise la nouvelle orthographe, j'ai respecté son choix.
Raymond Guy Leblanc, Gabriel Robichaud et Jonathan Roy publient aux Éditions Perce-Neige. Vous pouvez commander leurs livres dans votre librairie ou ici. (Ça, c'était le bout infopub...)
Rédigé à 10:00 dans Littérature, Société | Lien permanent | Commentaires (3)
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Dans la dernière décennie, il y a eu une explosion d'initiatives pour la jeunesse. Je connais bien les instances qui travaillent à faire fleurir l'engagement des jeunes. Je les ai côtoyées de près. Leur objectif: donner aux jeunes une voix dont on a maintes fois prouvé qu'elle peut avoir du mal à se rendre jusqu'aux oreilles de cercles de pouvoir qui sont entre les mains d'autres générations. Tout cela est primordial.
Pourtant, dans les derniers mois, il m'est apparu qu'on exagère parfois. D'abord, il me semble qu'on devrait cesser de demander à ces jeunes qu'on invite dans tous les événements auxquels je participe de s'exprimer au nom des leurs. On a d'ailleurs cessé de demander aux femmes de s'exprimer au nom « des femmes ». Ce que nous cherchons, c'est à diversifier les points de vue qui s'expriment sur la place publique. Nous souhaitons aussi que différents types de personne aient accès aux lieux de pouvoir. Ce qu'on souhaite, c'est qu'il soit possible que Léo Bureau-Blouin devienne député, pas que Léo Bureau-Blouin devienne député pour représenter « les jeunes ».
Et voilà qu'en invitant des jeunes à parler au nom des jeunes, il arrive trop souvent qu'on leur fasse prendre la parole sur des sujets qu'ils ne connaissent pas particulièrement. Mais ce n'est pas très grave parce qu'on cherche d'eux quelque chose comme un pouls, une impression. Va alors se dire des généralités du type: « Les gens de notre génération accordent beaucoup d'importance à l'environnement. » Oui, oui. Certainement. Et ensuite, les organisateurs se gargariseront en disant que nous avons écouté « les jeunes ». Mais à quoi bon les écouter si c'est pour les laisser tenir des propos généralistes que vous pourriez entendre dans n'importe quel vox pop.
Ma réflexion s'est affinée en réfléchissant à mon propre cas, tout bêtement. Je suis encore jeune dans le sens où l'entendent les institutions. Selon cette définition, la « jeunesse » court de 18 à 35 ans. Hors, jamais, mais jamais, on ne m'a invitée quelque part comme jeune. Ni à 25 ans, ni maintenant. Ce qui me pousse à me demander: mais qu'est-ce qu'un jeune finalement? Est-ce qu'un jeune est quelqu'un qui s'implique dans une organisation jeunesse? Comme une femme serait quelqu'un qui s'implique dans un groupe de femme?
Résultat concret: si on cherche un jeune pour discuter du milieu du livre ou de culture, on ne pensera jamais à moi. On cherche un autre genre de jeune que moi, un jeune comme jeune. Alors je vais me retrouver sur un panel où quelqu'un d'à peu près mon âge va être présenté comme « jeune » tandis que moi je suis une professionnelle, simplement. Et il m'est arrivé que ce jeune invité comme jeune nous présente des informations comme: « Il est certain que les jeunes passent plus de temps devant leur écran et lisent moins. »
Alors pourquoi ne suis-je pas jeune? Parce que j'ai trop réussi? Parce que j'ai un boulot « dans la machine »? Parce que je parais trop vieille, simplement? Parce que je suis déjà bénévole, intégrée dans des conseils d'administration, etc., et qu'un jeune serait, par définition, quelqu'un qui cherche sa place?
Il me semble qu'on a perdu de vue nos objectifs. Ce qu'on souhaite, c'est que les jeunes aient leur place. Pas comme jeune, comme eux. Que les gens qui ont quelque chose à dire sur un sujet X ne soient pas déconsidérés sous prétexte qu'ils sont jeunes. Quand on m'invite à siéger sur un conseil d'administration, on ne me dit jamais « Viens parler au nom des jeunes », mais je suppose que ceux qui me recrutent voient d'un bon oeil d'avoir une jeune femme parmi eux.
Quand je parle, je parle comme personne de ma génération, comme femme, comme Québécoise qui vit à Ottawa. Mais je ne parle jamais au nom d'un de ces groupes-là, même s'ils m'habitent tous.
Je serai toujours pour la diversité des intervenants dans des événements. Mais pourrait-on se réjouir d'avoir des jeunes qui connaissent leurs sujets plutôt que d'inviter des jeunes à parler des jeunes au nom des jeunes. Je n'en peux plus de nous voir nous pâmer juste sur le fait que des jeunes sont là, peu importe la qualité de ce qu'ils apportent au débat, avec cette espèce de paternalisme autosatisfait de son ouverture à la relève
On n'aide personne avec ce genre de mascarade...
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Ce texte n'est ni une réplique, ni une réponse à la touchante chronique de la vie ordinaire de Rima Elkouri. C'est quelque chose comme un rebond.
J'adore les rideaux. Pas pour ce qu'ils cachent, mais pour leur texture. J'ai grandi dans un atelier de couture et ce genre d'héritage, tu as beau croire que ça ne t'intéresse pas, ça t'habite malgré toi. Quand je rentre dans une boutique, je ne regarde pas les vêtements, je les touche. Pareil avec les rideaux.
J'étais récemment dans une maison où on défend aux enfants de toucher aux rideaux. Trop fragiles. C'est comme porter une robe magnifique, mais qui interdirait à quiconque de t'approcher. Ce ne sont plus des rideaux, ce sont des barreaux.
À cause de cette importance du toucher, je ne me sens jamais chez moi lorsqu'il y a du plastique aux fenêtres. Caresser un store, c'est moyen.
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J'habite peu ma chambre. C'est pourtant la plus belle pièce de l'appartement avec son immense baie vitrée qui donne directement dans l'arbre. Peut-être que son vide est trop vide. Peut-être qu'une chambre vide c'est l'ultime rappel d'une intimité condamnée. Condamnée comme dans une porte condamnée, avec des poutres de bois humide pour empêcher quiconque d'entrer.
J'habite peu ma chambre, mais les derniers mois ont été une exception à cause de toutes ces heures que j'ai dû passer couchée. En allant au lit trop tôt pendant cet été magnifique, j'ai découvert la beauté de la lumière lorsqu'elle traverse mon rideau de toile. De longues minutes à suivre les lignes rompues de la trame. Une façon comme une autre de méditer. Un rapport à la matière.
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Je ferme toujours les rideaux quand vient le temps de me déshabiller. Sauf parfois l'été parce que l'arbre à la fenêtre me protège.
L'autre soir, je suis allée marcher pour me consoler de ne pas courir. Je n'avais pas pris la peine d'éteindre et en chemin de retour, j'ai eu un coup au coeur en voyant des lumières chez moi. Je n'aurais pas été étonnée de me surprendre là, dédoublée dans mon quotidien comme dans ce roman de Murakami. Je crois que j'aurais même pu me trouver belle. Il y avait quelque chose d'invitant dans la chaleur de ce chez moi, quelque chose qui me ressemble. Entre calme et vibrant.
Je ne me suis pas vue. Je n'aurais pas pu me voir. Rideau ou non, j'ai compris que personne ne pourrait jamais me voir nue dans cette chambre à moins que je me place de façon ostentatoire à la fenêtre. Mon nid est protégé des regards.
Je suppose qu'il s'agit d'une bonne nouvelle.
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On pourrait penser que j'aime surtout les rideaux pour le plaisir de les ouvrir. C'est qu'on dit que je suis impudique.
Encore récemment, je me suis retrouvée devant une caméra, en train de parler de ma vie sexuelle. C'était presque trop facile. Je me suis pourtant demandé pourquoi j'avais accepté de faire ça. Par respect pour les gens derrière la caméra? Pour les dépanner? Parce que je crois sincèrement qu'il faut dire pour lever les tabous? Par exhibitionnisme, peut-être...
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Quelques heures avant ce tournage, je dînais avec Dany Laferrière croisé, par hasard, dans un congrès. Pendant qu'on parlait de mon premier livre, il m'a dit, sur un ton qui ne blâmait rien: « Vous prendrez goût à faire parler de vous. » Ma réponse, une question rhétorique et ironique: « Vous croyez? » (Il y a des limites, tout de même, à faire du déni par rapport à soi-même.)
J'aime les rideaux, mais je ne les ferme pas beaucoup quand vient la possibilité de me raconter. En même temps, certains auront la décence d'admettre que dans le quotidien, je les écoute... C'est une forme d'équilibre. Dans la présence de l'autre, j'écoute. Dans la solitude, je m'écris. Le danger c'est de densifier sa solitude pour en venir à s'écouter écrire.
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Je cherche souvent à comprendre ce qui distingue exactement mon impudeur de celle des téléréalités.
Peut-être que c'est juste parce que je ne confonds pas sentiment et course de chevaux. Ou alors parce qu'en ouvrant mes rideaux, je transforme mes fenêtres en miroir. En vous mettant le nez dans mes appartements, c'est votre reflet que vous trouvez.
Et en même temps, tout cela est une mise en scène de l'intime. Rideau de théâtre. La vraie pudeur est dans tout ce qui ne se dira pas et qui pourtant se trame au coeur. Au deuxième étage, camouflé par un arbre.
Alors, il n'est plus question de rideaux, mais de boîte noire.
Rédigé à 10:00 dans Réflexions intimistes | Lien permanent | Commentaires (1)
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