C'était il y a un an. À la fois fatiguée de moi (cyclique!) et un peu intimidée par de nouveaux regards, je décidais de mettre la clé sous la porte de mon ancien blogue qui aura vécu plus de six ans. Je voulais un nouveau projet plus cérébral, moins intime et, surtout, plus cohérent.
C'était il y a un an et Twitter me faisait augmenter ma consommation de médias. À force de lire, d'entendre et d'interagir avec des chroniqueurs, il me semblait avoir des choses à dire qui prenaient plus de 140 caractères. Des idées qui méritaient un peu de lumière.
Comme je l'expliquais dans le texte de baptême de ce blogue, j'étais dans une démarche de positionnement volontaire. Malgré mon manque d'humilité légendaire, je n'avais pas prévu l'ampleur que ça prendrait. Le nombre de visites a plus que doublé et ne cesse d'augmenter. Sur Twitter, c'est par 7 que vous vous êtes multipliés.
Si la croissance des chiffres m'impressionne, c'est toujours la qualité de mon lectorat qui m'épate le plus. Vous laissez peu de commentaires, mais vous me parlez ailleurs. Vous me serrez la main avec vigueur dans un party ("Je suis une de vos grandes fans") et moi je souris, un peu niaise, pas trop certaine de comprendre ce que ça signifie. Vous retweetez, vous faites circuler, vous faites + 1, vous me faites des fleurs du vendredi. Vous êtes brillants. Les cons ne m'ont pas encore trouvée et chaque jour je les en remercie.
Je n'avais pas imaginé ça, mais ça ne veut pas dire que je n'en ai pas rêvé.
J'ai toujours voulu être entendue. Avoir dix ans de moins, avoir eu un autre profil aussi, j'aurais fait de la télé-réalité! On n'aime pas tant les caméras et les micros innocemment. Aujourd'hui, l'orgueil me permet de me cacher derrière l'idée d'avoir quelque chose à dire. Mais il faudrait inverser la causalité: ce n'est pas parce que j'ai des choses à dire que je veux être entendue, c'est parce que j'ai toujours rêvé d'être entendue que je me suis trouvée des choses à dire. Je l'aurais sans doute fait autrement avoir eu d'autres talents.
Je relis ce texte de baptême écrit il y a un an, je parcours les 110 billets qui ont suivi, et je me dis qu'à quelques écarts près, je m'y suis assez tenue. J'ai frôlé l'intime, mais habituellement dans l'idée d'aller plus loin. J'ai fait la part belle à l'analyse, j'ai navigué entre débats d'actualité et questions plus philosophiques.
Je relis aussi le billet qui clôturait mon ancien blogue, un billet qui s'intitulait "Midinette et médias sociaux". Comme trop souvent, le soir où j'ai écrit ça, je rêvais d'être quelqu'un d'autre. Je me revois adolescente, enfermée dans ma chambre, coupable, un peu dégoûtée de moi, résolue à changer: "demain je ne rêverai plus en vain demain je n'essaierai plus d'attirer l'attention demain je vais arrêter de prendre trop de place demain je vais arrêter de vouloir que les gens m'aiment demain je me tais demain je n'espère plus demain...". Je relis le texte d'il y a un an et je vois cette adolescente devenue une femme qui espère que demain (en ouvrant un autre blogue) elle sera plus pudique-mystérieuse-accomplie-désirable-aimable-aimée-respectueuse-discrète-etc. Je vous concède que la métamorphone n'est pas un succès sur toute la ligne!
Mais en relisant la conclusion de ce texte, je me dis: mission accomplie!
Je réalise que je n'ai rien à répondre quand mes amis me demandent "Quoi de neuf?", rien qui se traduise bien dans cette forme normale d'une conversation normale. Ma vie est faite de deux pôles:
1- une activité bruyante en 140 caractères et qui brasse surtout du vide;
2- une activité contemplative, une activité-chameau, des mouvements de continents qui ne se résument ni en 140 caractères, ni en des questions polies du type "Qu'est-ce qui t'arrive?".Mon essence est ce deuxième pôle évidemment. Il serait temps que je m'y mette, parce que malgré les apparences, il n'y a vraiment qu'en surface que je sois une midinette.
Ceux qui fréquentent ce lieu savent bien que ma vérité se situe quelque part entre une analyse de concept et un tweet de groupie un peu hystérique. Pour cet effort, je vous dis merci. Et je continue.
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