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CHRONIQUES
Débat du mois: Le débat commence-t-il avec la parution de la première chronique de Nathalie Elgrably-Lévy? J'ai tendance à croire que la chronique post-électorale de Marc Cassivi est le point 0 de l'affaire puisqu'on y trouve le mot qui fait mal: inculte. Mais après la sortie d'Elgrably-Lévy, ce fut la déferlante: Simon Jodoin, Pierre Duhamel, Nicolas Dickner, Nathalie Petrowski, re-Simon Jodoin (qui répond à la prise 2 d'Elgrably-Lévy), Pascal Henrard, Stéphane Dompierre, Jérôme Lussier, zerotom et Jean-Jacques Strélisky. Aussi, un (autre!) merveilleux papier de David Desjardins qui résume bien le climat de rupture dans lequel s'inscrit cette histoire: "Et voilà par quel mécanisme on transforme l'ignorance en suspicion, et la suspicion en mépris."
Chronique qui fait tiquer: Patrick Lagacé (en réponse à une lettre de Robert Darlington) exprimait un ras-le-bol de voir les gens se surprendre encore que la pub ne soit pas un reflet réel de la société. Là où le chroniqueur a raison, c'est qu'il devient tannant de voir les gens en constante "révolte" devant des phénomènes auxquels ils ne veulent rien changer. On ne veut pas de ces pubs qui maquillent, mais on achète tout de même. On ne veut pas de politiciens qui mentent, mais on punit les politiciens qui ne font pas de promesses incroyables. Là où, à mon avis, Patrick Lagacé se trompe, c'est qu'il ne s'agit pas de savoir si la pub est le reflet ou non de la réalité, mais de voir en quoi elle est performative, comment elle influence (même inconsciemment) notre réalité. (Mon texte sur Superman sur un sujet semblable.)
Les quelques mots de trop: Dans une chronique sur la mort de Ben Laden (pour abonnés seulement), François Brousseau écrivait: "Aux États-Unis, ces bonnes questions sont expulsées comme insultantes et «non avenues», par des patriotes — et quel Américain ne l'est pas? — de toutes tendances idéologiques..." On comprend ce que le chroniqueur veut dire, mais pourquoi s'encombrer de ce "et quel Américain ne l'est pas?". Plusieurs. Des milliers d'Américains anarchistes, altermondialistes, radicaux. On dit qu'en chronique, les généralités servent parfois un propos ou une image... mais c'est si rare finalement.
REVUE
Droit au coeur: Le texte n'existe pas en ligne, mais il faut aller lire la chronique écrite par la poétesse acadienne (Nouvelle-Écosse) Georgette LeBlanc pour la revue Nuit blanche. "Le livre jamais lu" devient un prétexte pour parler de sa naissance en tant qu'écrivaine. "Or malgré moi, j'écrivais. J'écrivais dans mes langues officielles sans oser toucher l'essentiel."
SPÉCIAL #CANNES:
Cannes 2011: consécration, pour moi, de l'intérêt de suivre un événement d'envergure sur Twitter. Le fait que je préfère entendre parler des films que de les voir n'y est pas étranger (n'essayez pas de comprendre...). Les années passées, je suivais religieusement Odile Tremblay dans mon Devoir papier. Cette année, c'était le buffet en 140 caractères: les critiques jamais d'accord, les réactions spontanées, les conférences de presse comme si vous y étiez, le fil RSS de tout ce qui se publie (ils en ont torché de la copie!). Et toutes les blagues possibles quant au silence de Mel Gibson derrière un castor...
Critique la plus humaine: J'aime cette façon qu'a Normand Provencher d'avouer qu'il a changé d'idée: "...ce rare Malick n'est pas un film décevant, je retire mes écrits prématurés de blogueur. [...] Parlons plutôt d'un film obsédant." Je vote pour une critique humaine et en mouvement!
Palme de la chronique (et de l'autodérision): J'ai bien aimé ce texte de Marc Cassivi, petit film efficace où il consolide son "personnage" de belle façon, un pied dans l'intime, un pied dans l'universel. Rien de factuel, mais un petit moment de littérature éphémère croisant rigolade et angoisse. À défaut d'être un anti-héros, le "narrateur" est un anti-mondain. Il fait penser à un insecte attiré par la lumière mais qui, une fois qu'il a les ailes qui chauffent, se dit que le combo "coton ouaté/salon" lui convient mieux que "petits fours/noeud papillon". "Ils m'ont jeté un regard furtif en même temps, puis se sont détournés aussitôt, confirmant que j'étais, comme on dit à Paris, un «nobody». Lui-même en personne." La chronique n'est parfois qu'un miroir qu'on vous tend. (Et celui-là, je me suis vue dedans!)
PS: Egotrip: Hey! C'est moi dans un texte de la sémillante Manon Dumais! Touchée.
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